Histoire de la rédemption: « La seconde résurrection & Le couronnement du Christ »

Par Ellen G. White

JÉSUS avec tout le cortège des anges et tous les rachetés quittèrent la sainte cité. Les anges escortaient leur chef, puis venait la suite des saints rachetés. Alors Jésus, déployant une majesté terrible, appela les morts hors de la tombe. Ils en sortirent avec les mêmes corps débiles, maladifs, qui étaient descendus dans la fosse. Quel spectacle ! A la première résurrection, les rachetés se réveillèrent dans la fleur de l’immortalité. Mais à la seconde résurrection, les méchants portent les marques visibles de la malédiction. Les grands de ce monde, les rois, les faibles et les forts, les savants et les ignorants, tous se relèvent ensemble ; tous voient le Fils de l’homme ; et ces mêmes créatures qui le méprisèrent, se moquèrent de lui, mirent une couronne d’épines sur son front sacré et le frappèrent avec un roseau, le voient dans toute sa royale majesté. Ceux qui lui avaient craché au visage    à l’heure de sa passion, se détournent maintenant de son regard perçant et de l’éclat de son visage. Ceux qui enfoncèrent des clous dans ses mains et dans ses pieds voient maintenant les stigmates de sa crucifixion. Il en est de même pour ceux qui percèrent son côté. Tous peuvent se rendre compte que c’est bien Celui qu’ils ont crucifié et dont ils se sont moqués lorsqu’il allait mourir. Ils poussent maintenant un long cri d’angoisse, et s’enfuient pour  se cacher loin de la présence du Roi des rois et du Seigneur des seigneurs.

Tous cherchent la protection des rochers pour ne pas voir la gloire terrible de Celui qu’ils ont autrefois méprisé. Puis, anéantis par la souffrance, devant sa majesté et l’éclat de sa gloire, ils élèvent tous ensemble la voix. Ils s’écrient : “Béni soit celui qui vient au nom du Seigneur !”

Alors Jésus et ses anges, accompagnés de tous les rachetés, retournent dans la cité. Les méchants, condamnés, remplissent les airs de leurs lamentations et de leurs gémissements. Je vis alors que Satan recommençait son œuvre. Il passait et repassait parmi ses sujets, fortifiait les faibles, et leur disait combien lui et ses anges étaient puissants. Il leur montrait les millions d’êtres qui étaient ressuscités. Il se trouvait parmi eux des guerriers fameux, des rois habiles à conduire des batailles, qui avaient conquis des royaumes. Il y avait là de puissants géants, des hommes vaillants qui n’avaient jamais perdu une bataille. Là    se trouvait l’orgueilleux et ambitieux Napoléon, dont l’approche faisait trembler les royaumes. Il y avait des hommes de haute stature et au port digne, qui étaient tombés dans la bataille, assoiffés de conquêtes.

En sortant de leurs sépulcres, ils reprennent le cours de leurs pensées interrompu par la mort. Ils nourrissent le même désir de vaincre qui les animait quand ils tombèrent. Satan tient conseil avec ses anges, puis avec ces rois, ces conquérants, ces hommes puissants. Puis il regarde cette immense armée, et leur dit que ceux qui se trouvent dans la cité ne sont qu’une petite troupe, qu’ils peuvent monter contre elle, la prendre, en chasser les habitants et posséder toutes ses richesses et sa gloire.

Satan réussit à les tromper, et tous commencent à faire des préparatifs pour la bataille. Il y a beaucoup d’hommes habiles dans cette grande multitude, et ils se mettent à construire toutes sortes d’instruments de guerre. Ensuite, Satan à leur tête, cette immense armée se met en marche. Immédiatement après lui, viennent les rois et les guerriers, puis la multitude rangée par compagnies. Chacune d’elle a son chef. Dans leur marche à travers la terre désolée, ils observent un ordre parfait en se dirigeant vers la sainte cité. Jésus ferme les portes de la cité environnée par cette immense armée de méchants. Ceux-ci se placent en ordre de bataille, s’attendant à livrer un rude combat.

ALORS LE CHRIST reparaît à la vue de ses ennemis. Bien au-dessus de la ville, sur un fondement d’or étincelant, est dressé un trône très élevé. Le Fils de Dieu y est assis, entouré des sujets de son royaume. Aucune langue ne peut exprimer, aucune plume ne peut décrire la puissance et la majesté du Christ qui est enveloppé de la gloire du Père éternel. Sa présence resplendissante remplit la cité de Dieu, rayonne au-delà de ses portes et inonde la terre entière.

Tout près du trône se trouvent placés ceux qui avaient d’abord pris fait et cause pour Satan, mais qui, tels des brandons arrachés du feu, ont suivi leur Sauveur avec zèle et ferveur. Derrière eux se tiennent ceux qui se comportèrent en chrétiens au milieu de l’imposture et de l’infidélité, ceux qui honorèrent la loi de Dieu alors que le monde chrétien la déclarait sans valeur, et les millions de croyants de tous les temps qui furent martyrisés pour leur foi. Puis figure “une foule immense : personne ne pouvait compter tous ceux qui en faisaient partie. C’étaient des gens de toute nation, de toute tribu, de tout peuple et de toute langue. Ils se tenaient devant le trône et devant l’Agneau, habillés de robes blanches et avec des branches de palmier à la main” Apocalypse 7 :9. Pour eux, le combat est terminé : ils ont remporté la victoire, ils ont achevé la course et en ont obtenu le prix. Les branches de palmier qu’ils tiennent dans leur main sont l’emblème de leur victoire et leurs robes blanches représentent la justice immaculée du Christ qui leur appartient désormais.

Les rachetés entonnent un chant de louanges qui se répercute à l’infini sous les voûtes du ciel : “Notre salut vient de notre Dieu, qui est assis sur le trône, ainsi que de l’Agneau !” Puis   les anges et les séraphins unissent leurs voix à ce cantique d’adoration. Ayant mesuré le pouvoir et la perversité de Satan, ils comprennent mieux que jamais que seule la puissance du Christ pouvait les rendre vainqueurs. Parmi cette brillante multitude, nul ne s’attribue le salut, comme s’il avait vaincu par sa propre puissance et par sa propre vertu. Ils ne soufflent pas un mot de ce qu’ils ont fait ou de ce qu’ils ont souffert ; le thème et la pensée dominante de chaque hymne est : “Notre salut vient de notre Dieu…, ainsi que de l’Agneau !” Apocalypse 7 :10.

Puis a lieu le couronnement définitif du Fils de Dieu en présence des habitants du ciel et de la terre. Alors, investi de    la majesté et du pouvoir suprêmes, le Roi des rois prononce la sentence sur ceux qui se sont révoltés contre son gouvernement, et il exécute ses jugements contre ceux qui ont transgressé sa loi et opprimé son peuple. “Puis, dit le prophète, je vis un grand trône blanc et celui qui y est assis. La terre et le ciel s’enfuirent devant lui, et on ne les revit plus. Ensuite, je vis les morts, grands et petits, debout devant le trône. Des livres furent ouverts. Un autre livre encore fut ouvert, le livre de vie. Les morts furent jugés selon ce qu’ils avaient fait, d’après ce qui était écrit dans les livres” Apocalypse 20 :11, 12.

Dès que les livres sont ouverts et que les regards de Jésus se portent sur les réprouvés, ceux-ci prennent conscience de tous les péchés qu’ils ont commis. Ils voient exactement où leurs pieds se sont écartés du sentier de la pureté et de la sainteté, et dans quelle mesure l’orgueil et la révolte les ont amenés à transgresser la loi de Dieu. Tentations caressées, bénédictions détournées de leur but, manifestations de miséricorde repoussées par leurs cœurs obstinés et impénitents—tout cela leur apparaît comme inscrit en lettres de feu.

Un panorama du grand conflit

Au-dessus du trône on voit la croix, et comme dans une série de tableaux panoramiques, on voit défiler les scènes de la tentation et de la chute d’Adam, puis les phases successives du grand plan de la rédemption. L’humble naissance du Sauveur ; son enfance et son adolescence toutes de candeur et d’obéissance ; son baptême dans le Jourdain ; son jeûne et sa tentation dans le désert ; son ministère public durant lequel il révéla aux humains les plus précieuses bénédictions du ciel ; ses journées remplies d’actes d’amour et de miséricorde ; ses nuits de prière et de veille dans la solitude de la montagne ; les complots, fruits de l’envie, de la haine et de la méchanceté qui le récompensaient de ses bienfaits ; son angoissante et mystérieuse agonie dans le jardin de Gethsémané où il porta le poids écrasant des péchés du monde entier ; sa trahison et son arrestation par une troupe assoiffée de sang ; les tragiques événements de cette nuit d’horreur ; sa docilité ; la désertion de ses disciples ; la violence de la soldatesque dans les rues de Jérusalem ; les comparutions chez Anne, au palais de Caïphe, au tribunal de Pilate, et devant le lâche et cruel Hérode ; les sarcasmes, les injures, la flagellation, la condamnation à mort : tout cela défile avec une réalité saisissante. Puis, sous les yeux de la multitude remuante, passent les scènes finales. On voit le doux Martyr fouler le sentier qui mène au calvaire ; le Roi du ciel est cloué sur la croix ; tandis que le Fils de Dieu agonise, les prêtres arrogants se joignent à la populace

pour l’insulter. Au moment où le Rédempteur expire, des ténèbres surnaturelles envahissent la scène ; la terre tremble, les rochers se fendent et des tombeaux s’ouvrent.

Ce spectacle effarant est d’une poignante exactitude. Satan, ses anges et ses sujets—qui reconnaissent leur œuvre—ne peuvent en détourner les regards. Chacun des acteurs de ce drame se reconnaît dans le rôle qu’il a joué. Hérode, qui massacra les enfants innocents de Bethléhem pour essayer de faire mourir     le Roi d’Israël ; l’infâme Hérodias, qui chargea sa conscience du sang de Jean-Baptiste ; Pilate, faible et opportuniste ; les soldats moqueurs ; les sacrificateurs, les chefs religieux et la foule en démence qui criaient : “Que les conséquences de sa mort retombent sur nous et sur nos enfants !”—tous prennent alors conscience de la gravité de leur faute. Ils tentent en vain de      se dérober à la vue de Celui dont la majesté divine et l’éclat surpassent la lumière du soleil, tandis que les rachetés jettent  leurs couronnes aux pieds du Sauveur en s’écriant : “Il est mort pour moi !”

Parmi la multitude des rachetés, figurent les apôtres du Christ : le courageux Paul, l’ardent Simon Pierre, Jean le disciple aimant et bien-aimé, leurs fidèles convertis et avec eux le long cortège des martyrs. Mais, à l’extérieur des murailles (de la nouvelle Jérusalem), en compagnie d’êtres  vils  et  méchants, on voit ceux qui ont persécuté, emprisonné et mis à mort les chrétiens. Néron, ce monstre de vice et de cruauté, voit la joie   et l’enthousiasme de ceux qu’il torturait autrefois, ce à quoi       il prenait un plaisir sadique. Sa mère, présente elle aussi, peut constater que les défauts transmis à son fils et les passions encouragées et développées chez lui par son exemple, ont abouti à des crimes qui ont fait frémir le monde.

Là sont des prêtres et des prélats de l’Eglise romaine qui, tout en prétendant être des ambassadeurs du Christ, recouraient au supplice du chevalet, à la prison et au bûcher pour asservir les consciences des disciples du Sauveur. Là se trouvent les orgueilleux pontifes qui se sont élevés au-dessus   de Dieu et ont prétendu avoir le droit de modifier la loi du Très-Haut. De soi-disant Pères de l’Eglise doivent maintenant rendre compte à Dieu de ce dont ils voudraient bien être dispensés. Ils constatent—mais trop tard—que le Tout-Puissant est jaloux de sa loi, et qu’il ne tiendra pas le coupable pour innocent. Ils voient que Jésus-Christ s’identifie avec son peuple persécuté, et ils mesurent la force de ses propres paroles : “Toutes les fois que vous avez fait ces choses à l’un de ces plus petits de mes frères, c’est à moi que vous les avez faites” Matthieu 25 :40, Segond.

A la barre du tribunal

Tous les réprouvés sont à la barre du tribunal divin sous l’inculpation de crime de haute trahison contre le gouvernement du ciel. Il n’y a là personne pour plaider en leur faveur. Ils sont sans excuse, et le châtiment de la mort éternelle est prononcé contre eux.

Il est désormais évident que le salaire du péché n’est ni     une noble indépendance ni la vie éternelle, mais l’esclavage, la ruine et la mort. Les réprouvés se rendent compte de ce qu’ils ont perdu à cause de leur vie de révolte.  Ils ont méprisé le  poids éternel de gloire qui leur était offert ; mais combien cette gloire leur paraît désirable aujourd’hui ! “Tout cela, s’écrient les impénitents, j’aurais pu le posséder, mais j’ai préféré le repousser. Quelle aberration de ma part ! J’ai échangé la paix, le bonheur et la gloire contre la douleur, la honte et le désespoir”. Tous ces réprouvés reconnaissent que leur exclusion du ciel est juste. Par leur manière de vivre, ils ont déclaré : “Nous ne voulons pas que ce Jésus règne sur nous”. Comme fascinés, les perdus ont suivi des yeux le couronnement du Fils de Dieu. Ils voient dans ses mains les tables de la loi divine, qui contient les préceptes qu’ils ont méprisés et transgressés. Ils assistent aux transports de ravissement et aux élans d’adoration des rachetés. Ils entendent leur cantique dont les ondes mélodieuses, montant de la sainte cité, passent sur la mer humaine qui l’entoure. Alors, tous ensemble, ils s’écrient d’une même voix : “Seigneur Dieu tout-puissant, que tes œuvres sont grandes et merveilleuses ! Roi des nations, que tes plans sont justes et vrais !” Apocalypse 15 :3. Et, tombant sur leurs faces, ils adorent le Prince de la vie.

Source: Histoire de la Rédemption de Ellen G. White.

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