Le leadership : Agir de façon éthique et responsable. Leçons tirées de la vie de Saül

L’histoire de la vie de Saül est enregistrée dans les Écritures non pour nous donner l’opportunité de décider de la destinée éternelle de cet homme, mais pour que nous apprenions à faire face aux défis de la vie. Sa vie de dirigeant illustre certaines des erreurs éthiques les plus courantes en matière de leadership.

Agir de façon éthique et responsable ! Bien d’autres termes pourraient amplifier ici le concept de responsabilité : fiabilité, valeurs fondamentales, intégrité, moralité, etc. Ces mots soulèvent, dans les moments calmes et secrets de notre vie, des questions qui nous interpellent, telles que : « Quel genre de personne est-ce que je veux être ? » Et la question suivante, sans doute la plus importante : « Quel genre de personne suis-je appelé à être ? »

Dans cet article, nous allons développer le thème de l’action éthique et responsable en étudiant les erreurs de leadership d’un personnage célèbre de la Bible. Nous ne nous proposons pas ici de l’inculper ou même de le critiquer, mais plutôt de tirer des leçons, sans profiter de lui – comme Napoléon qui, en fin stratège, a dit : « N’interrompez jamais un ennemi qui est en train de faire une erreur ! »1 – mais pour que nos semblables et nous-mêmes puissions nous épargner les tragédies résultant des erreurs en matière de leadership.

Les enfants d’Israël passaient par une période de changement structurel, par une transition, de la théocratie à la monarchie. Le livre de 1 Samuel foisonne de détails sur les événements marquant l’aventure épique de la nation d’Israël. Dans la distribution des rôles, retrouvez Samuel, Saül, David, Jonathan, sans compter ceux qui apparaissent brièvement dans cette aventure. Cependant, restons focalisés sur Saül, premier roi d’Israël. Dans cette étude, nous découvrirons les six erreurs les plus courantes en matière de leadership.

ERREUR DE LEADERSHIP N° 1 : ÊTRE INCAPABLE DE METTRE LE DOIGT SUR LE VRAI PROBLÈME ET DE LE RÉSOUDRE

L’histoire commence en 1 Samuel, au chapitre 8. Avancé en âge, le prophète Samuel établit ses fils juges en Israël. Malhonnêtes et égocentriques, ces derniers ne manifestèrent, hélas, ni le courage moral, ni l’inclination spirituelle de leur père. Par conséquent, les anciens d’Israël se réunirent et demandèrent à Samuel de leur choisir un roi. Les nations environnantes ne prospéraient-elles pas sous ce type de structure organisationnelle ? Aux yeux des anciens, le système monarchique était la solution idéale à leur situation actuelle. Ils identifièrent correctement le problème : leurs dirigeants étaient corrompus ! Malheureusement, ils en conclurent que le système l’était aussi, et que par conséquent, un changement s’imposait. La frustration envers le leadership conduit au mécontentement envers la structure et le système.

Dans toute cette chaîne d’événements, il s’agit de l’erreur n°1. Ils furent incapables de mettre le doigt sur le vrai problème et de le résoudre. Pour eux, le vrai coupable était le système. Mais les systèmes et les structures ne sont que des outils ! Ils n’ont pas de vie intrinsèque. Blâmer le système quand les choses tournent au vinaigre, c’est blâmer le marteau qui a raté le clou. Aucun système de gouvernance ne peut compenser un leadership corrompu. Différents systèmes de gouvernance, même des dictatures, peuvent bien fonctionner – du moins pour un temps – sous un bon leadership moral. Cependant, rien n’est plus facile que de blâmer le système pour les faiblesses des humains qui le composent.

Les anciens de la nation voulaient être comme les nations environnantes. Vu de l’extérieur, le système monarchique fonctionnait à merveille. Et nous voilà en présence du syndrome de l’herbe plus verte… Les Israélites avaient pris leur décision. Samuel eut beau discuter avec eux, rien n’y fit. Alors, il supplia Dieu d’intervenir, et celui-ci lui dit de consentir à leur demande. Dieu assura à Samuel que dans cette affaire, c’était lui, Dieu, qu’ils rejetaient, pas son prophète. N’est-il pas effrayant de voir avec quelle aisance le peuple de Dieu peut rejeter son créateur ?

Les Israélites désiraient être comme les autres nations. Ils étaient loin de se rendre compte que leur contribution à l’histoire était imputable non à leurs rois, mais à leurs prophètes – un atout dont ces autres nations étaient entièrement dépourvues. À cet égard, nous devons retenir ces trois leçons :

  1. Veiller attentivement à ne pas écarter un prophète pour être comme les nations environnantes.
  2. Faire preuve de discernement dans le choix de nos modèles, de crainte que dans nos efforts pour leur ressembler, nous quittions Dieu des yeux.
  3. La fibre spirituelle et morale de ceux qui occupent un poste de lea- dership est d’une importance vitale. Une armée de brebis dirigée par un lion vaincra une armée de lions dirigée par une brebis. Dieu peut utiliser nos compétences et nos connaissances dans son œuvre, mais ce n’est pas ce qu’il recherche d’abord chez nous. « Avancez résolument dans la bonne voie et vous verrez que les circonstances, loin de ralentir votre marche, ne feront que l’accélérer2. »

ERREUR DE LEADERSHIP N° 2 : FAIRE FI DE L’AUTORITÉ

Saül fut choisi par Dieu lui-même. Cependant, le fait d’entendre l’appel divin et d’y répondre ne garantit pas forcément le succès. Il est vrai que ce que Dieu ordonne, il le donne. Mais quand nous répondons à son appel, nous ne nous réclamons pas toujours de la bénédiction qu’il aspire tant à nous donner.

Ainsi, Saül fut couronné roi. Il possédait les qualités visibles nécessaires : jeune, imposant, 30 ans, sans égal parmi les Israélites, les dépassant tous de la tête (1 Samuel 9.2). Samuel l’oignit puis le prévint que sur le chemin du retour, il rencontrerait des prophètes. L’Esprit du Seigneur descendrait sur lui, si bien qu’il se joindrait à ces prophètes et son cœur serait changé. Toutes ces choses se produisirent exactement comme Samuel l’avait dit. Et le peuple s’écria : « Vive le roi ! »

Quelle histoire ! Saül commença bien, mais termina mal. Sa mission était-elle trop grande pour ses capacités ? Se pourrait-il qu’il soit devenu l’un de ces individus qui se reposent sur ses acquis ? En un rien de temps, il considéra la royauté comme un droit plutôt qu’un privilège… Rien ne fait échouer autant que le succès.

Sous la pression d’une crise, Saül désobéit à de claires instructions (1 Samuel 13.2-9). Il est bon de faire bonne impression la première fois. Un assaut musclé contre l’ennemi rassemblerait tout le monde derrière le nouveau roi et légitimerait le nouveau système. Les avant-postes des Philistins à Guibéa et à Guéba étaient, semble-il, de bons endroits pour commencer.

Samuel avait fixé rendez-vous à Saül dans sept jours, à Guilgal. Là, il offrirait un sacrifice et donnerait le coup d’envoi sacré à la nouvelle administration. Mais les Philistins, toujours prêts à se battre, n’étaient pas au courant de ce rendez-vous. Ils étaient prêts pour la bataille, et leurs forces avaient de quoi intimider. « Les hommes d’Israël se virent en détresse, car le peuple était serré de près. Ils se cachèrent dans les cavernes, dans les ajoncs, dans les rochers, dans les caves et dans les citernes » (1 Samuel 13.6)3.

Se laissant obnubiler par leur situation, ils perdirent en un rien de temps leur capacité à discerner la présence de Dieu. Ce fut la première indication que les choses se gâteraient. L’anxiété du moment présent distrait notre attention de Dieu et ébranle notre confiance en nos semblables. Comme Saül, nous finissons par nous charger des responsabilités des autres : « Saül était encore à Guilgal, et tout le peuple qui se trouvait auprès de lui tremblait. Il attendit sept jours, jusqu’au moment fixé par Samuel. Mais Samuel n’arriva pas à Guilgal, et le peuple se disséminait loin de lui. Alors Saül dit : Amenez-moi l’holocauste et les sacrifices de communion. Il offrit l’holocauste. » (1 Samuel 13.7-9)

Faire fi de l’autorité légitime de quelqu’un d’autre et des instructions données est une faute courante de leadership aujourd’hui. L’Église adventiste a adopté le modèle d’une équipe dirigeante composée de trois personnes (habituellement le président, le secrétaire, et le trésorier, ou portant d’autres titres). Résultat ? Personne n’est investi d’une autorité entière et ultime. L’autorité et la responsabilité sont partagées. Une équipe dirigeante qui ne comprend pas le rôle et la description du travail de chaque dirigeant sera en proie à des conflits et commettra des erreurs. C’est aussi simple que ça.

ERREUR DE LEADERSHIP N° 3 : S’EXCUSER, PUIS BLÂMER LES AUTRES

Samuel arriva au cœur même de la tourmente et demanda des explications. Saül lui présenta alors toutes les excuses classiques : « Lorsque j’ai vu que le peuple se dispersait loin de moi, que tu n’arrivais pas au terme fixé, et que les Philistins étaient assemblés à Micmasch, je me suis dit : Les Philistins vont descendre contre moi à Guilgal, et je n’ai pas imploré l’Éternel ! C’est alors que je me suis fait violence et que j’ai offert l’holocauste. » (1 Samuel 13.11, 12, LSG)

Selon les psychologues, il s’agit de « l’erreur fondamentale d’attribution ». Cette expression décrit un comportement plutôt général : on s’arroge toute la gloire de ses succès et blâme les autres pour ses échecs. Saül présenta cinq excuses à Samuel. Dans les siècles qui lui succédèrent, l’humanité n’inventa pas vraiment de nouveaux types d’excuses. Nous sommes profondément tributaires de son « génie » pour nous soustraire à nos responsabilités.

  1. C’est à cause de toi que j’ai fait ça ! « Tu n’es pas arrivé à l’heure convenue. » Autrement dit, « Tu m’as incité à le faire. » Nous nous plaçons en position de victime ! « Je t’ai frappé parce que tu m’as mis en colère. » « Je vole ma compagnie parce qu’elle ne me rémunère pas suffisamment. » « Je suis un bourreau de travail parce que j’ai eu des parents alcooliques. »
  2. Je n’avais pas le choix. « Le peuple se disséminait loin de moi […] les Philistins étaient assemblés […] ». Les circonstances m’ont poussé à le faire. « Mon mari était tellement ignoble que j’ai dû partir. » « Si je suis totalement honnête avec mes clients, jamais je n’atteindrai mon quota de ventes. »
  3. Je l’ai fait pour une bonne cause. En d’autres termes, la fin justifie les moyens. J’étais tout bonnement assis ici, et j’ai réalisé que les Philistins allaient « descendre contre moi ». Au chapitre 15, Saül avance de nouveau des excuses, cette fois pour n’avoir pas détruit tout ce qui appartenait aux Amalécites. Il avait épargné, en effet, la vie du roi des Amalécites ainsi que les meilleures têtes de son troupeau.
  4. Je ne suis pas responsable. Lorsque Samuel le pressa de questions, Saül répondit : « Le peuple [il blâme encore les autres] a épargné ce qu’il y avait de meilleur dans le petit et dans le gros bétail, afin de le sacrifier à l’Éternel, ton Dieu » (1 Samuel 15.15).
  5. J’ai fait presque tout ce que tu m’as dit ; n’est-ce pas suffisant ? « J’ai suivi la voie qu’il m’avait indiquée. J’ai fait mourir tous les Amalécites » (1 Samuel 15.20, BFC). Cette sorte d’excuse donne une autre couleur aux actes afin de créer une perception différente.

Le vrai problème de toutes ces excuses, c’est que la décision de désobéir à Dieu est un choix personnel. Il nous est difficile de résoudre la contradiction entre notre désir d’être les instruments de Dieu et la notion erronée qu’il dépend de nous. Allons, il ne sera pas vaincu simplement parce que nous le sommes ! Nous avons beau dire : « Que ta volonté soit faite, et non la mienne », mais dès que sa volonté ne se fait pas, nous estimons qu’il a mordu la poussière parce que nous l’avons mordue.

Ainsi, nous avons fortement tendance à conclure que le bonheur ou le malheur de l’œuvre de Dieu est proportionnel à notre bonheur ou à notre malheur. Quelle grossière erreur ! L’œuvre de Dieu ne repose pas entre nos mains. Elle ne dépend jamais de ce qui nous arrive. Permettez-moi d’être plus direct : si l’Église faisait totalement naufrage, l’œuvre du Seigneur se poursuivrait quand même. Notre participation à son œuvre n’est ni notre droit, ni sa nécessité, mais notre privilège.

ERREUR DE LEADERSHIP N° 4 : DEVENIR JALOUX DU SUCCÈS D’UN AUTRE

Nous trouvons dans 1 Samuel 17 le fameux épisode de David et Goliath. Ce géant terrorisait Saül et son armée, enfin, jusqu’à ce que David, un jeune berger, intervienne et le terrasse à l’aide d’une fronde et d’une pierre. Cette tournure incroyable et inattendue des événements inspira l’allégresse et le chant. « Au moment où les gens rentraient, lors du retour de David après qu’il eut frappé le Philistin, les femmes sortirent de toutes les villes d’Israël en chantant et en dansant, à la rencontre du roi Saül, au son des tambourins, des triangles et des cris de joie. Les femmes se répondaient en riant les unes aux autres et disaient : Saül a frappé ses mille, – Et David ses dix mille. Une très grande colère s’empara de Saül qui prit mal la chose. Il dit : On en donne dix mille à David, et c’est à moi que l’on donne les mille ! Il ne lui manque plus que la royauté. Et Saül regarda David d’un mauvais œil, à partir de ce jour et dans la suite. » (1 Samuel 18.6-9)

Suite à la défaite de Goliath, le peuple détourna son attention de Saül et reporta son affection sur David. Saül conçut de la jalousie et devint terriblement anxieux. Cela le tourmentait jour et nuit. Lorsqu’on se trouve dans cet état-là, on ne pense plus à grand-chose, sinon qu’à soi… Saül était trop immature pour ne pas regarder le succès de David sans le craindre. L’une des preuves de la maturité, c’est la capacité de reconnaître les vertus et les réalisations d’un autre, même d’un rival potentiel. Dans notre langage parlé, le mot le plus facile à dire, c’est « moi ». Et le plus difficile, c’est « toi ». Il est peut-être impossible d’apprendre à dire « toi » avant d’avoir, au préalable, appris à dire « Dieu ».

Penchons-nous un instant sur l’effet boule de neige de la jalousie :

Saül était jaloux de David.

Sa jalousie se transforma en haine.

Sa haine l’empêcha de penser rationnellement.

Son inimitié poussa à l’anéantissement. Saül consacra presque entièrement le reste de son règne à pourchasser David pour le détruire. L’insécurité de Saül se transforma littéralement en obsession.

David se rendit vers Samuel pour y trouver refuge. Ayant appris où David se trouvait, Saül envoya des émissaires pour le capturer. Les émissaires furent ravis dans l’extase des prophètes une, deux, trois fois. Finalement, Saül lui-même se mit en route et finit, lui aussi, par se joindre aux prophètes. Ce fut sa seconde expérience spirituelle, une expérience forte telle celle que l’on vit en assemblée spirituelle ! Mais ce réveil ne fut, hélas, que superficiel.

En proie à de graves problèmes personnels, Saül avait besoin non d’une excitation émotionnelle, mais d’une vision intellectuelle renouvelée, d’un nouveau regard sur les autres, d’une connaissance de la miséricorde divine, d’une volonté nouvelle. Un bain chaud ne peut guérir un cancer, ni une expérience émotionnelle exercer des changements profonds dans la vie d’une personne.

ERREUR DE LEADERSHIP N° 5 : S’APITOYER SUR SOI AU POINT DE TORDRE LA RÉALITÉ

Alors qu’il poursuivait David, Saül fit appeler les Benjamites afin de se justifier devant eux. Il en était au stade de s’apitoyer sur son sort au point de tordre les faits pour rationaliser son propre échec. Après les avoir accusés de conspirer contre lui, il se plaignit en ces termes : « Personne ne m’a averti que mon fils a conclu un pacte avec le fils d’Isaï. Aucun de vous ne se soucie de moi et personne ne m’a prévenu que mon fils a dressé mon serviteur contre moi pour me tendre des pièges, comme cela apparaît aujourd’hui. » (1 Samuel 22.8)

Saül ne faisait plus la différence entre la loyauté et la dissidence. Il ne supportait pas la contradiction. Soupçonnant même ses gens dignes de confiance sur une simple rumeur non fondée (1 Samuel 22.17), il ordonna de tuer les prêtres. Comme ses propres gardes refusaient d’obtempérer, il demanda à Doëg, l’Édomite, de les exécuter. Les 85 prêtres furent massacrés, et la ville de Nob – habitants et animaux – mise à feu et à sang (v. 18.19). Le roi était frappé d’un esprit de vengeance ! Et il ne fut pas le seul dirigeant à éliminer des collègues simplement sur la base d’une rumeur et d’un soupçon non fondés.

Le plus difficile pour l’être humain, c’est d’être honnête avec lui-même. Et ça l’est davantage pour un dirigeant. Les exigences du leadership peuvent facilement brouiller ce qui se passe dans le cœur d’un individu. Une attention et un respect constants de la part des autres rendent l’introspection difficile. Devoir constamment accomplir des performances en public nous incite à cacher nos faiblesses, à couvrir notre fragilité… au point de croire que nous sommes infaillibles. Écouter les compliments des autres au point que cela devienne obsessionnel, c’est courir le risque de succomber à l’illusion de la grandeur.

Permettez-moi de vous avertir : les pressions liées au leadership peuvent nous épuiser physiquement et émotionnellement. Dès que nous commençons à nous apitoyer sur notre sort parce que selon nous, la vie est injuste, parce que certains ne nous aiment pas ou d’autres sont des ingrats, soyons sur nos gardes ! C’est là un signe indubitable que nous avons perdu la capacité d’être honnêtes avec nous-mêmes.

Une vie de dévotion et de prière pour demeurer stable face à la pression des circonstances revêt alors une importance capitale. Nul ne peut se dérober à Dieu. Lui faire face nous oblige à admettre certaines réalités à notre sujet. Nous sommes des pécheurs. Mais en même temps, Dieu nous aime. Il nous appelle à collaborer avec lui et veut nous bénir par sa grâce transformatrice. Nous en venons alors à considérer l’adversité sous un nouveau jour : « Quand je suis faible, c’est alors que je suis fort. » (2 Corinthiens 12.10)

ERREUR DE LEADERSHIP N° 6 : CROIRE QU’UN DIRIGEANT EST EXEMPT DES RÈGLES QUI S’APPLIQUENT AUX AUTRES

Après la mort de Samuel, Saül chassa les sorcières et les sorciers du pays. Et voilà que maintenant, il en cherchait une ! En se méfiant de tout le monde alors qu’il avait désespérément besoin d’un conseiller, Saül s’était retrouvé dans une impasse, isolé de tous. Aussi, il se déguisa et se rendit chez la sorcière d’Endor (1 Samuel 28.3-25).

Il est tout naturel pour un individu, et spécialement pour un dirigeant, de croire qu’il a le droit de briser une règle établie pour tous. Nous percevons, pour la plupart, la valeur et la légitimité des règles morales et des règlements organisationnels – mais pensons que nous pouvons nous y soumettre à notre guise, sans que cela ne nous blesse ni ne fasse de tort à notre organisation. Cependant les lois morales comme les lois physiques s’appliquent à tout le monde ! Un saint et un pécheur qui sautent d’une falaise tomberont tous les deux à la même vitesse. Les règlements organisationnels et les politiques de travail sont conçus pour protéger l’organisation d’un leadership arbitraire et de ses effets désastreux sur le moral des employés.

Finalement, Saül se suicida (1 Samuel 31.1-13). C’était inévitable, il serait passé à l’acte tôt ou tard. Il n’avait pas considéré les difficultés de son règne comme des défis à relever, mais plutôt comme des troubles à éviter. En commençant, sa carrière semblait très prometteuse. Puis, au fil du temps, il devint de plus en plus égocentrique. Chaque expérience était analysée en fonction des intérêts qu’il pouvait en tirer. Face à la mort, une seule chose le tourmenta : les railleries de ses ennemis.

CONCLUSION

Soyons prudents et ne jugeons pas Saül trop sévèrement. Dieu est merveilleusement miséricordieux, même envers le plus faible de ses serviteurs. La vie de Saül est consignée dans les Écritures non pour que nous décidions de la destinée éternelle de cet homme, mais pour que nous apprenions comment faire face aux défis de la vie. Sa vie de dirigeant illustre certaines des erreurs éthiques les plus courantes en matière de leadership, soit :

  1. être incapable de mettre le doigt sur le vrai problème et de le résoudre ;
  2. faire fi de l’autorité ;
  3. s’excuser, puis blâmer les autres ;
  4. devenir jaloux du succès d’un autre ;
  5. s’apitoyer sur soi au point de tordre la réalité ;
  6. croire qu’un dirigeant est exempt des règles qui s’appliquent aux autres.

Quelle leçon importante tirer, entre autres, de cette tragique biographie ? « Le leadership, c’est prendre ses responsabilités, et non s’inventer des excuses ». « Si vous avez commis une faute, vous remporterez certainement une victoire en reconnaissant cette faute et en y voyant un avertissement. Vous pourrez ainsi changer votre défaite en victoire, décourager l’adversaire et glorifier votre rédempteur4. »

Lowell C. Cooper (titulaire d’une maîtrise en théologie pastorale de l’Université Andrews, et d’une maîtrise en santé publique de l’Université de Loma Linda) est un ancien vice-président de la Conférence générale des adventistes du septième jour, à Silver Spring, au Maryland (États- Unis). Son courriel : CooperL@gc.adventist.org.

Citation recommandée

Lowell C. Cooper, « Le leadership : Agir de façon éthique et responsable. Leçons tirées de la vie de Saül », Dialogue 28 (2016/1), p. 12-15

NOTES ET REFERENCES

  1. http://evene.lefigaro.fr/citations/napoleon-bonaparte?page=9.
  2. Ellen G. White, Les paraboles de Jésus, p. 286.
  3. Sauf mention contraire, toutes les citations des Écritures sont tirées de la version Segond, dite à la Colombe.
  4. Ellen G. White, Les paraboles de Jésus, p. 287.

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