Josué: Un modèle de Leadership

Par Reymand M. Hutabarat

Qu’est-ce qui fait d’un individu un dirigeant fidèle à Dieu ? Avant de répondre à cette question, considérons l’une des plus belles descriptions que nous ayons : « Ce dont le monde a le plus besoin, c’est d’hommes, non pas des hommes qu’on achète et qui se vendent, mais d’hommes profondément loyaux et intègres, des hommes qui ne craignent pas d’appeler le péché par son nom, des hommes dont la conscience soit aussi fidèle à son devoir que la boussole l’est au pôle, des hommes qui défendraient la justice et la vérité même si l’univers s’écroulait1. »

Cette déclaration inspirée peut s’appliquer à de nombreux héros de la Bible, dont la vie fut un modèle de leadership centré sur Dieu – Joseph, Moïse, Josué, Daniel, Esther, Jean-Baptiste, Paul, etc. Dans cet article, je me pencherai sur la vie et le caractère de Josué – l’homme que Dieu choisit comme successeur de Moïse pour faire entrer Israël en terre promise. Centré sur Dieu, intrépide, fidèle à son appel, Josué était un homme de prière, rempli de confiance et de reconnaissance envers le Créateur, et un serviteur loyal du Tout-Puissant.

UN HOMME CENTRÉ SUR DIEU

La vie de Josué a commencé par de petites choses accomplies consciencieusement. Ses parents l’avaient appelé Hosée, ce qui signifie « sauveur ». Plus tard, Moïse changea son nom pour Josué, ce qui signifie « sauvé par Dieu » (voir Nb 13.8, 16).

Josué a débuté sa carrière en tant que soldat. Pendant les 40 ans où il a dirigé les Israélites à titre de commandant militaire – depuis leur sortie d’Égypte jusqu’à la conquête de la terre promise – il a mené une vie fidèle et pieuse. En lui accordant une telle importance dans le leadership, en le choisissant pour succéder à un dirigeant aussi éminent que Moïse et pour faire entrer Israël en Canaan, et en lui attribuant l’insigne privilège d’être celui par lequel la promesse d’un pays pour son peuple dans l’alliance qu’il avait conclue avec Abraham s’accomplirait, Dieu reconnaissait son leadership, sa fidélité et son obéissance. Josué conformait sa volonté à celle de Dieu, sa voie à celle du Tout-Puissant. La volonté de Dieu était sa volonté, la voie de Dieu, sa voie. Et entre les deux, une seule chose comptait pour lui : demeurer fidèle au Dieu qui l’appelait à accomplir une mission bien précise.

Josué a vécu 110 ans. Les premières 45 années de sa vie se sont déroulées en Égypte. Pendant les 40 années suivantes, il a été le commandant militaire et le soutien de Moïse tandis que ce dernier conduisait Israël hors d’Égypte, à travers ses pérégrinations dans le désert, vers la Terre promise. Durant les 25 dernières années de sa vie, il s’est consacré à diriger Israël à l’ère post-Moïse : conquête de la Terre promise, division du pays entre les enfants d’Israël et occupation du territoire.

UN HOMME INTRÉPIDE ET FIDÈLE À SON APPEL

Quels privilèges uniques Dieu a accordés à Josué ! Ce dirigeant historique témoignait d’une fidélité sans bornes envers celui qui l’avait appelé. Ce commandant militaire avait vaincu les Amalécites dans la première bataille qu’Israël avait livrée sur sa route vers le précieux pays de la liberté (Ex 17.9-13). Josué a reçu le privilège d’accompagner Moïse (Ex 24.13) dans son voyage mémorable au Sinaï, où ce dernier a reçu les Dix commandements. Plus tard, au nombre des 12 espions envoyés pour explorer la Terre promise, seuls Josué et Caleb ont donné un rapport positif : les Israélites, déclarèrent-ils, obtiendraient le pays s’ils se confiaient en Dieu et marchaient sous sa bannière. Les 10 autres espions avaient confirmé que Canaan était bel et bien un pays où coulaient le lait et le miel, mais avaient ajouté que les Israélites n’étaient pas suffisamment puissants pour en faire la conquête. Mieux valait, avaient-ils conclu, retourner en Égypte (Nb 13, 14). Entre la confiance en Dieu et une impuissance remplie de crainte, Josué et Caleb ont décidé de mettre leur confiance en Dieu. Des multitudes sorties d’Égypte, seuls ces deux hommes ont pu entrer en Canaan. Rien d’étonnant alors à ce que le leadership de Moïse revienne à Josué, ce dirigeant intrépide et fidèle à son appel !

Dès qu’il a reçu les instructions divines pour la traversée du Jourdain, Josué a conçu un plan par la foi, bien que n’ayant personne pour le guider. « Parcourez le camp, et voici ce que vous commanderez au peuple : Préparez-vous des provisions, car dans trois jours vous passerez ce Jourdain pour aller conquérir le pays dont l’Éternel, votre Dieu, vous donne la possession2. » (Jos 1.11) Ce dirigeant fidèle, ce porte-parole intrépide et rempli de confiance en Dieu, a pris le commandement. Il ne s’appuyait ni sur son intelligence, ni sur son leadership militaire, ni sur l’armée d’Israël, mais uniquement sur celui qui leur avait promis le pays. À Dieu le moyen, la victoire et la garantie ! Pour Josué, les flots menaçants ne constituaient aucune barrière. Il est demeuré ferme dans les bras de son Dieu. « Josué, le nouveau conducteur attitré de la nation, était connu comme un guerrier courageux, résolu, persévérant, prompt et incorruptible. Paternel envers ceux qui lui étaient confiés, il était animé d’une piété vivante. […] Tel était l’homme divinement choisi pour conduire les armées d’Israël dans la terre promise3. »

UN HOMME REMPLI DE CONFIANCE EN DIEU

Une bonne partie du succès de Josué est sans doute imputable à sa confiance inébranlable en Dieu. Remarquez de quelle façon il a conduit Israël à la victoire sur Jéricho – une cité fortifiée riche et prospère, gardée par une armée de vaillants soldats bien entraînés. La conquête de cette puissante cité était considérée comme la première étape dans la conquête de Canaan. Mais avant de l’entreprendre, Josué a voulu obtenir les directives divines. Lorsqu’on recherche Dieu, premièrement pour savoir où aller ou ce qu’il faut faire, on est assuré de recevoir ses directives et la force nécessaire pour les suivre. Ainsi, lorsque Josué a cherché les directives et la puissance divines, il a reçu les plans du « chef de l’armée de l’Éternel » (Jos 5.14). La prière fervente et confiante a la puissance de mouvoir le trône de Dieu. Josué a vu cette puissance dans la manifestation du chef de l’armée de l’Éternel, lequel, dit Ellen White, n’était autre que le « Fils de Dieu » pré-incarné4.

De prime abord, le plan divin pour la victoire d’Israël semblait simple, mais ô combien étrange… Une marche autour de la ville, une fois par jour et sept fois le septième jour. La procession respecterait l’ordre suivant : en tête, des hommes armés choisis ; suivraient sept prêtres faisant retentir leurs trompettes, puis l’arche de l’alliance, et enfin, l’arrière-garde. À la fin de la septième marche le septième jour, les murs sont tombés comme promis, et Israël a conquis Jéricho.

Des siècles plus tard, l’inspiration a attribué le mérite à celui à qui il revenait : « C’est par la foi que les murailles de Jéricho tombèrent » (He 11.30). Par sa confiance en Dieu, Josué a laissé à la postérité une leçon inoubliable : la victoire sur tout obstacle, toute situation, ou tout ennemi concevable se trouve non dans la force humaine, mais dans l’acte qui consiste à se réfugier dans les bras éternels de Dieu. « Dieu est prêt à faire de grandes choses pour ses enfants. Il viendra infailliblement au secours de ceux qui s’abandonnent entièrement à lui et lui obéissent. La raison pour laquelle son peuple est si faible, c’est qu’il se confie trop en lui-même et ne donne pas au Seigneur l’occasion de manifester sa puissance5. »

UN HOMME DE PRIÈRE

Josué était un homme de prière. Sachant que les Israélites avaient Dieu comme dirigeant et Josué comme chef, et ayant entendu parler de la traversée des Israélites du Jourdain, de leur conquête prodigieuse de Jéricho, et même de leur échec à Aï transformé en éclatante victoire grâce à la miséricorde divine envers un Israël repentant (Jos 3-9), la terreur s’est emparée des nations païennes sur le chemin de l’ultime conquête de leur territoire par Israël. Les cinq rois Amoréens avaient formé une coalition pour attaquer Gabaon – l’État tampon entre l’armée de Josué et les Amoréens. Les Gabaonites, qui avaient déjà fait la paix avec Israël, avaient demandé sur-le-champ le secours de Josué.

L’intrépide dirigeant a confronté les Amoréens, mais la bataille a été rude. Le jour semblait trop court pour obtenir une victoire définitive. Josué avait besoin de quelques heures diurnes de plus. Ce dirigeant rempli du Saint-Esprit n’a vu alors qu’une solution : puiser dans les sources les plus profondes de sa foi et prier : « Alors Josué parla à l’Éternel, […] et il dit en présence d’Israël : Soleil, arrête-toi sur Gabaon, et toi, lune, sur la vallée d’Ajalon ! […] Le soleil s’arrêta au milieu du ciel, et ne se hâta point de se coucher, presque tout un jour. » (Jos 10.12, 13) Et Israël battit les cinq rois qui s’étaient mis en travers de son chemin vers la victoire. »

La prière sincère des justes a le pouvoir d’amener la nature et le Dieu de la nature à satisfaire leurs désirs désintéressés dans l’accomplissement de la tâche que le Tout-Puissant leur a confiée. « C’était l’Esprit du Très-Haut qui avait inspiré la prière de Josué, afin de donner une nouvelle preuve de la puissance du Dieu d’Israël. Il lui avait promis d’écraser ses ennemis. […] Il n’en déploya pas moins d’énergie que si le succès avait dépendu exclusivement de ses armes. Après avoir dépensé tout ce que la force humaine pouvait donner, il avait demandé à Dieu de lui venir en aide. Le secret du succès, c’est l’union conjuguée de la puissance divine avec l’effort de l’homme. Ceux qui obtiennent les plus grands résultats sont ceux qui s’appuient de la façon la plus complète sur le bras du Tout-Puissant. […] Les hommes forts sont ceux qui prient6. »

UN HOMME REMPLI DE RECONNAISSANCE ET DE GRATITUDE

La vie de Josué est un parfait exemple de reconnaissance et de gratitude. De nombreuses choses étaient arrivées depuis cet épisode où il avait été du nombre des douze espions envoyés par Moïse pour explorer la Terre promise. Alors qu’il approchait du terme de sa vie victorieuse, il aurait pu célébrer la bonté et la fidélité de Dieu d’innombrables manières. C’est alors qu’un homme de la multitude d’Israël est paru devant lui et lui a présenté une simple requête. La requête de cet homme de 85 ans a ravivé la mémoire de Josué – non que ce dernier ait oublié, mais simplement que même les saints ont parfois besoin de rappels occasionnels. Debout devant Josué, Caleb lui a rappelé ce jour à Kadès-Barnéa, quelque quarante-cinq années plus tôt, où Josué et lui avaient rendu un rapport positif sur le pays de Canaan, tandis que les dix autres espions avaient fait un rapport négatif, imprégné de peur, et avaient recommandé de retourner en Égypte (Nb 13.25-14.4) ! Cet appel à se souvenir incluait un rappel de la promesse que Moïse lui avait faite : « Le pays que ton pied a foulé sera ton héritage à perpétuité, pour toi et pour tes enfants, parce que tu as pleinement suivi la voie de l’Éternel, mon Dieu. » (Jos 14.9)

Josué était un homme fort – pas seulement physiquement, mais aussi mentalement et spirituellement. Au faîte de sa puissance et de sa gloire, il aurait facilement pu donner les nombreuses excuses que les êtres humains ont l’habitude de donner : plaider l’ignorance, reléguer un collègue aux oubliettes, ou simplement confier son cas à un service social d’orientation. Mais Josué était de cette trempe d’hommes qui n’oublient jamais Dieu ou ses serviteurs. Caleb, ce noble serviteur, a présenté ainsi sa requête : « Donne-moi donc cette montagne » (Jos 14.12), et Josué l’a honoré sans hésiter. Les Écritures ajoutent une puissante note de fin : « Le pays fut dès lors en repos et sans guerre. » (Jos 14.15) Avec Josué et Caleb, célébrant ensemble l’attribution de Hébron à ce dernier, s’est achevée la mission d’Israël depuis le pays de l’esclavage jusqu’au pays de l’alliance.

UN SERVITEUR LOYAL DU TOUT-PUISSANT

Le ministère de Josué se termine par une histoire puissante de consécration et de confirmation. Âgé de 105 ans, il convoque à Sichem, son village, une assemblée de la conférence générale de tous les anciens, chefs, juges, et officiers d’Israël. Le discours d’adieu de Josué à ces hommes se compose d’un bilan, d’un avertissement, et d’une supplication (Jos 23, 24). Josué passe en revue tout ce que Dieu a fait pour les Israélites depuis leur départ de l’Égypte jusqu’à l’occupation de la Terre promise – leurs hauts et leurs bas ; leurs apostasies et leurs repentances ; leurs racines abrahamiques ; leur système de lois unique, l’alliance et le sanctuaire ; leur marche vers la liberté et leur héritage de la Terre promise. Josué leur donne aussi un avertissement du jugement divin s’ils s’éloignaient de sa loi et de son service. Finalement, le fidèle dirigeant place devant eux son unique supplication : « Craignez l’Éternel, et servez-le avec intégrité et fidélité. » (Jos 24.14). Là, devant les représentants de tout Israël et devant Dieu, il termine sa supplication par un engagement solennel : « Moi et ma maison, nous servirons l’Éternel. » (Jos 24.15)

Aucune remarque sur la vie et le leadership de Josué ne rend mieux honneur au fils de Nun que le commentaire inspiré d’Ellen White : « L’œuvre de Josué est terminée. Ce “serviteur de l’Éternel” reçoit dans l’Écriture le témoignage d’avoir “servi l’Éternel tant qu’il vécut”. Mais la plus belle attestation qui puisse être rendue à sa mémoire de chef d’État, c’est l’histoire de la génération qui a eu le privilège de lui être confiée, histoire ainsi résumée par le livre inspiré qui porte son nom : “Israël suivit l’Éternel tant que vécurent Josué et, après lui, les anciens qui connaissaient toutes les œuvres que l’Éternel avait faites en faveur d’Israël7.” »

Reymand M. Hutabarat titulaire d’un doctorat de l’Institut international adventiste des études avancées, aux Philippines, est chargé de cours en théologie, et président de l’université adventiste en Indonésie, à Bandung, à l’ouest de Java. Son courriel : marasitua@yahoo.com.

Citation recommandée

Reymand M. Hutabarat, « Josué : un modèle de leadership », Dialogue 30 (2018/1), p. 21-23

NOTES ET RÉFÉRENCES

  1. Ellen G. White, Éducation, p. 67.
  2. Sauf mention contraire, toutes les citations des Écritures sont tirées de la version Louis Segond 1910.
  3. Ellen G. White, Patriarches et prophètes, p. 464. Ibid., p. 470.
  4. Ibid., p. 474.
  5. Ibid., p. 491.
  6. Ibid., p. 509.

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