Histoire de la rédemption: « Les premiers réformateurs »

Par Ellen G. White

LES TÉNÈBRES qui  régnèrent  sur  la  terre  au  cours  de la longue période de la suprématie papale ne réussirent pas à éteindre complètement le flambeau de la vérité. Il y eut toujours de vrais croyants attachés à la foi en Jésus-Christ, seul Médiateur entre Dieu et les hommes, prenant les saintes Ecritures pour leur unique règle de vie et sanctifiant le vrai jour de repos. Jamais  on ne saura ce que le monde doit à ces hommes. Dénoncés comme hérétiques, diffamés, leurs mobiles incriminés, leurs écrits dénigrés, mutilés et prohibés, ils demeurèrent inébranlables et conservèrent la pureté de la foi pour en transmettre, de siècle en siècle, l’héritage sacré à la postérité.

La guerre faite à la Bible devint tellement acharnée que les exemplaires du saint Livre étaient parfois rares. Mais Dieu ne permit pas que sa Parole disparût. Ce trésor ne devait pas rester enfoui. L’auteur de cette  Parole  pouvait  la  faire  sortir de l’obscurité tout aussi facilement qu’il ouvrait les portes des cachots ou brisait les barreaux des prisons où languissaient ses enfants fidèles. Dans plusieurs pays d’Europe, des hommes, poussés par le Saint-Esprit, cherchaient la vérité comme on cherche des perles. Ils furent dirigés providentiellement vers l’Ecriture sainte et ils en scrutèrent les pages avec  le  plus  grand soin, bien décidés à y trouver la lumière. Ils acceptaient  la lumière à n’importe quel prix. Bien que ne discernant pas tout, ils arrivèrent à comprendre de nombreuses vérités oubliées depuis longtemps. Devenus des messagers du ciel, ces hommes s’efforcèrent de briser les chaînes de l’erreur et de la superstition. Ils invitaient les captifs à faire valoir leur droit à la liberté.

Le moment était venu de traduire la Bible en langue vulgaire pour la mettre à la portée de tous. La nuit allait bientôt disparaître. Lentement, les ténèbres se dissipaient, et, dans plusieurs pays, on voyait déjà les premières lueurs de l’aurore.

L’étoile du matin de la Réforme

Au quatorzième siècle, naissait en Angleterre Jean Wiclef, “l’étoile de la Réforme”. Son témoignage retentit non seulement en Grande-Bretagne, mais au sein de la chrétienté toute entière. Il fut l’ancêtre des puritains et son époque fut comme une oasis dans le désert.

Le Seigneur jugea bon de confier l’œuvre de la réforme       à cet homme dont l’intelligence donnerait du caractère et de la dignité à ses travaux. Ceci réduisait au silence la voix du mépris et empêchait les adversaires de la vérité de discréditer  sa cause en ridiculisant l’ignorance du défenseur. Après avoir maîtrisé l’enseignement scholastique, Wiclef entreprit l’étude des Ecritures. Il trouva dans la Bible ce qu’il avait vainement cherché ailleurs. Il y découvrit le plan de la rédemption, et contempla   en Jésus-Christ l’unique Avocat de l’homme auprès de Dieu. Convaincu que les traditions humaines implantées par Rome avaient supplanté la Parole de Dieu, il se donna tout entier au service du Seigneur, et prit la résolution de proclamer les vérités qu’il avait découvertes.

L’œuvre  la plus importante de sa vie fut la traduction de     la Bible en langue anglaise. C’était la première fois que la traduction entière de l’Ecriture en anglais voyait le jour.  L’art de l’imprimerie n’étant pas encore connu, ce n’est que par un procédé lent et laborieux qu’on obtenait des exemplaires de la Bible. C’est ainsi que le peuple de Grande-Bretagne eut entre les mains la Bible dans sa propre langue. La lumière de la Parole de Dieu commençait à répandre ses brillants rayons pour dissiper les ténèbres. La Providence  divine préparait le chemin de la grande Réforme.

L’appel à la raison humaine arrachait bien des gens à leur soumission passive aux dogmes de Rome. Les classes favorisées qui seules pouvaient lire à cette époque acceptèrent la Bible avec enthousiasme. Wiclef enseignait exactement les croyances qui caractérisèrent plus tard  le  protestantisme  :  le  salut  par  la foi en Jésus-Christ et l’infaillible et souveraine autorité des saintes Ecritures. Beaucoup de prêtres s’unirent à ses efforts pour répandre les Ecritures et prêcher l’Evangile. Ces prédicateurs obtenaient un tel succès en répandant les écrits de Wiclef que bientôt la moitié du peuple anglais avait accepté la nouvelle foi. Le royaume des ténèbres tremblait.

Les efforts des ennemis de cet homme de Dieu pour faire cesser son œuvre et détruire sa vie furent tous vains et il mourut en paix, à l’âge de soixante et un an, alors qu’il officiait devant l’autel.

La Réforme s’étend

C’est sous l’influence des écrits de Wiclef que Jean Hus    fut amené à renoncer à plusieurs des erreurs du romanisme et     à entreprendre l’œuvre de la réforme en Bohême. Tout comme Wiclef, Hus était un chrétien noble, un homme de savoir, possédant une dévotion inébranlable pour la vérité. En faisant appel à la Bible et en dénonçant hardiment la vie immorale et scandaleuse du clergé, il suscita beaucoup d’intérêt ; des milliers de personnes acceptèrent avec joie de suivre une vérité plus pure. Ceci attira les foudres du pape et des prélats, des prêtres et des moines, et Hus fut sommé de se présenter au Concile de Constance   pour répondre à l’accusation d’hérésie. Hus avait obtenu un sauf-conduit de l’empereur allemand et, en arrivant à Constance, il reçut du pape l’assurance personnelle de sa protection.

Au cours d’un long procès, le réformateur soutint fermement la vérité. Mis en demeure de choisir entre la rétractation et la mort, il choisit cette dernière. Après avoir assisté à la destruction de ses ouvrages par le feu, il fut lui-même livré aux flammes. En présence de dignitaires réunis de l’Eglise et de l’Empire,      il fit entendre une protestation solennelle contre les désordres  de la hiérarchie papale. Son exécution, en violation flagrante   de la promesse publique et solennelle au sujet de sa protection, démontra au monde entier la cruauté et la perfidie de Rome. Sans le savoir, les ennemis de la vérité avaient contribué au progrès de la cause qu’ils cherchaient en vain de détruire.

Malgré la persécution qui faisait rage, après la mort de Wiclef, on continua de protester d’une manière calme, pieuse et patiente contre la corruption de la foi religieuse. Tout comme  les croyants de l’époque apostolique, beaucoup sacrifiaient joyeusement leurs biens pour la cause du Christ.

On déploya les plus grands efforts pour affermir et étendre le pouvoir papal, et tandis que les papes prétendaient toujours être les représentants de Jésus, leur vie corrompue écœurait le peuple. Grâce à l’invention de l’imprimerie, les Ecritures furent largement distribuées et beaucoup se rendirent compte que les doctrines de la papauté n’étaient pas sanctionnées par la Parole de Dieu.

Quand un témoin était forcé de lâcher le flambeau de la vérité, un autre s’en saisissait et le brandissait de nouveau, avec un courage indomptable. La lutte qui avait commencé devait provoquer l’émancipation non seulement des individus et des églises, mais aussi des nations. Comblant l’abîme de centaines d’années, les hommes étendaient les mains pour saisir les mains des lollards à l’époque de Wiclef. C’est sous Luther que la Réforme commença en Allemagne. Calvin prêcha l’Evangile en France, et Zwingle en Suisse. Le monde se réveillait de son long sommeil et on entendait de pays en pays ces mots merveilleux : “Liberté religieuse”.

Source: Histoire de la Rédemption de Ellen G. White

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