Histoire de la rédemption: « Le message du deuxième ange »

Par Ellen G. White

LES ÉGLISES qui repoussèrent le message du premier ange rejetèrent par là même la lumière du ciel. Car il s’agissait d’un message de miséricorde destiné à leur faire prendre conscience de leur mondanité et de leur déchéance et de les exhorter à se préparer à rencontrer le Seigneur.

Le message du premier ange avait été adressé à l’humanité afin que l’Église du Christ se sépare des influences corruptrices du monde. Mais pour la majorité des humains—et même pour les soi-disant chrétiens—, les liens qui les retenaient à la terre étaient plus forts que ce qui les attiraient vers le ciel. Ils choisirent de prêter l’oreille à la sagesse du monde et se détournèrent du message de la vérité qui sonde les cœurs.

Quand Dieu accorde sa lumière, ce n’est pas pour qu’elle soit méprisée et rejetée, mais pour qu’elle soit appréciée et qu’on   lui obéisse. La lumière qu’il envoie devient ténèbres aux yeux de ceux qui la négligent. Quand l’Esprit de Dieu cesse de faire pénétrer la vérité dans le cœur des hommes, c’est en vain qu’ils l’écoutent, et toute prédication est vaine.

Lorsque les Églises méprisèrent l’appel de Dieu en rejetant le message du retour du Christ, le Seigneur les rejeta. Le premier ange est suivi d’un deuxième qui proclame : “Elle est tombée, elle est tombée la grande Babylone ! Elle a fait boire son vin à toutes les nations, le vin de sa terrible immoralité !” Apocalypse 14 :8. Les adventistes interprétèrent ce message comme annonçant la chute morale des Églises consécutive à leur rejet du premier message. Le (deuxième) message : “Elle est tombée Babylone !” fut proclamé au cours de l’été de 1844, et, comme conséquence, environ cinquante mille personnes quittèrent ces Églises.

Ceux qui prêchèrent le premier message n’avaient nullement pour objectif d’engendrer des divisions dans les Églises ou de créer des organisations séparées. “Dans toute l’œuvre que j’ai entreprise, dit William Miller, je n’ai jamais eu ni le désir ni l’intention de créer un centre d’intérêt séparé des dénominations existantes, ou de favoriser l’une au détriment de l’autre. Mon désir était de faire du bien à toutes les Églises. Croyant que tous les chrétiens ne pouvaient que se réjouir dans la perspective du retour du Christ et que ceux qui ne partagent pas mon point de vue n’en aimeraient pas moins ceux qui adhèrent à cette doctrine, je ne voyais pas la nécessité d’organiser des réunions séparées. Mon seul but était la conversion des âmes à Dieu, d’avertir le monde de l’heure du jugement et d’exhorter mes semblables     à préparer leurs cœurs afin de pouvoir rencontrer le Seigneur dans la paix. L’immense  majorité de ceux qui se sont convertis  à la suite de mes efforts se sont joints aux différentes Églises existantes. Lorsque certains me demandaient ce qu’ils devaient faire à ce sujet, je leur conseillais toujours de se rattacher à une Église où ils se sentiraient chez eux ; en répondant à de telles demandes, je n’ai jamais exprimé de préférence pour une Église particulière”.

Pendant un certain temps, de nombreuses Églises accueillirent favorablement l’œuvre de Miller ; mais lorsque celles-ci décidèrent de s’opposer à la doctrine  du  retour  du  Christ,  elles voulurent que cesse tout débat sur  cette question.  Ceux qui avaient accepté la vérité relative au retour du Sauveur se trouvèrent donc dans une situation des plus embarrassantes. Ils aimaient leur Église et répugnaient à s’en séparer, mais lorsqu’ils y étaient ridiculisés et maltraités, lorsqu’on leur interdisait de parler de leur espérance ou d’assister à des réunions où l’on prêchait sur l’avènement du Seigneur, beaucoup finalement rejetaient le joug qui leur était imposé.

En constatant que les Églises rejetaient le témoignage de la Parole de Dieu, les adventistes ne pouvaient plus les considérer comme l’Église du Christ, “la colonne et le soutien de  la  vérité” 1 Timothée 3 :15. Et quand le message “Elle est tombée Babylone !” commença à être proclamé, ils estimèrent avoir le droit de se séparer d’elles.

Après qu’elles eurent rejeté le premier message, un changement inquiétant se produisit dans les Églises. En effet,     à mesure que la vérité est méprisée, l’erreur est acceptée et appréciée. L’amour pour Dieu et la confiance en sa Parole se refroidissent. Les Églises ayant contristé le Saint-Esprit, il s’est retiré d’elles dans une grande mesure.

“Comme l’époux tardait”

Une fois que l’année 1843 fut  entièrement  écoulée  sans que le retour de Jésus se soit produit, ceux qui avaient attendu son avènement avec confiance furent, pendant quelque temps, plongés dans le doute et le désarroi. Mais malgré leur déception, de nombreux croyants continuèrent à sonder les Écritures, réexaminant les fondements de leur foi et étudiant attentivement les prophéties pour obtenir davantage de lumière. Le témoignage biblique semblait confirmer leurs convictions de façon claire et concluante. Des signes évidents indiquaient que la venue du Seigneur était proche. Sans pouvoir expliquer la raison de leur désappointement, ils avaient la certitude que Dieu les avait dirigés dans l’expérience religieuse qu’il avait vécue.

Leur foi fut grandement fortifiée par la lecture des passages de la Bible qui parlent d’un certain retard. Dès 1842, l’Esprit de Dieu avait poussé Charles Fitch à préparer un tableau prophétique généralement considéré par les adventistes comme la réalisation de l’ordre donné au prophète Habacuc : “Ecris ce que je te révèle, gravele sur des tablettes de telle sorte qu’on puisse le lire clairement” Habacuc 2 :2. Pourtant, à l’époque, personne ne s’aperçut qu’il était question d’un retard dans la même prophétie. C’est seulement après la déception (de 1843-44) que l’on comprit plus clairement ce passage : “Ecris la prophétie : grave-la sur des tables, afin qu’on la lise couramment. Car c’est une prophétie dont le temps est déjà fixé, elle marche vers son terme, et elle ne mentira pas ; si elle tarde, attends-la, car elle s’accomplira, elle s’accomplira certainement” Habacuc 2 :2, 3, Segond.

Les fidèles dans l’attente se réjouirent de ce que Celui qui au-delà des siècles, voit la fin dès le commencement, avait prévu leur déception et leur avait donné des paroles d’encouragement et d’espoir. S’il n’avait pas existé de tels passages de la Bible pour leur montrer qu’ils étaient sur la bonne route, leur foi eût sombré en cette heure d’épreuve.

Dans la parabole des dix vierges (Matthieu 25), l’expérience des adventistes est illustrée par les coutumes d’un mariage oriental : “Alors le royaume des cieux sera semblable à dix vierges qui, ayant pris  leurs  lampes,  allèrent  à  la  rencontre de l’époux. … Comme l’époux tardait, toutes s’assoupirent et s’endormirent” Matthieu 25 :1, 5, Segond.

Le grand mouvement qui s’est fait jour lors de la proclamation du premier message correspondait à la démarche des dix vierges qui vont à la rencontre de l’époux, tandis que le retard succédant à l’attente de l’avènement du Christ et suivi de la grande déception est représenté par le retard de l’époux de la parabole. Après que le temps prévu pour le retour du Seigneur fut passé, les vrais fidèles continuèrent à croire d’un commun accord que la fin de toutes choses était proche ; mais bientôt, il devint évident qu’ils avaient perdu, dans une certaine mesure, leur zèle et leur ardeur, et qu’ils sombraient dans un état que la parabole des dix vierges décrit par le fait que “comme l’époux tardait, toutes s’assoupirent” Matthieu 25 :5.

A cette époque, on vit surgir une vague de fanatisme. Plusieurs de ceux qui  avaient  manifesté  un  grand  zèle  pour le message rejetèrent la Parole de Dieu comme seul guide infaillible, et, se prétendant dirigés par l’Esprit, ils donnèrent libre cours à leurs sentiments, à leurs impressions et à leur imagination. D’autres faisaient preuve d’un zèle aveugle et sectaire, condamnant tous ceux qui n’approuvaient pas leurs vues. La grande majorité des adventistes ne partagèrent pas leurs conceptions et leurs pratiques outrancières, mais ces fanatiques contribuèrent à ternir la réputation de la vérité.

La proclamation du premier message en 1843 et celle du cri de minuit en 1844 avaient précisément pour objet de s’opposer au fanatisme et aux dissensions. Ceux qui prêtèrent main forte   à ces mouvements étaient mutuellement en harmonie ; leurs cœurs étaient remplis d’amour les uns pour les autres et pour    le Seigneur qu’ils s’attendaient à voir bientôt. Leur grande foi   et leur espérance bénie les élevaient au-dessus de toute influence humaine et leur servaient de bouclier contre les assauts de Satan.

Source: Histoire de la Rédemption de Ellen G. White

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