Histoire de la rédemption: « La faute de Moïse »

Par Ellen G. White

Ce chapitre est basé sur Nombres 20.

L’ASSEMBLEE D’ISRAËL se retrouva donc dans le désert, là même où Dieu l’avait mise à l’épreuve, peu après que les Hébreux eurent quitté l’Egypte. Le Seigneur avait fait jaillir de l’eau du rocher, qui avait continué de couler jusqu’à ce qu’ils reviennent dans ce lieu. Alors il permit que cette source tarisse, pour éprouver à nouveau leur foi et voir s’ils murmureraient encore contre lui.

Quand les Israélites assoiffés ne purent trouver d’eau, ils oublièrent comment, quelque quarante ans auparavant, l’Eternel avait fait jaillir de l’eau du rocher, et ils s’irritèrent. Au lieu de se confier en Dieu, il se plaignirent auprès de Moïse et d’Aaron et leur dirent : “Si seulement nous étions morts sous les coups du Seigneur en même temps que nos compatriotes !” Nombres 20 :3. Autrement dit, ils regrettaient de n’avoir pas été détruits lors du châtiment qui avait sanctionné la révolte de Koré, Dathan et Abiram.

Exaspérés, ils demandèrent : “Pourquoi nous avez-vous conduits dans ce désert, nous, le peuple du Seigneur ? Pour que nous y mourions avec nos troupeaux ? Pourquoi nous avoir fait quitter l’Egypte ? Pour nous amener dans cet endroit horrible ? On ne peut rien y semer, on n’y trouve ni figuiers, ni vignes, ni grenadiers, ni même d’eau à boire” Nombres 20 :4, 5.

“Moïse et Aaron s’éloignèrent des Israélites, se rendirent à l’entrée de la tente de la rencontre et s’y jetèrent le visage contre terre. Alors la présence glorieuse du Seigneur se manifesta à eux, et le Seigneur dit à Moïse : Prends ton bâton, puis, avec ton frère Aaron, rassemble les Israélites. Sous leurs yeux, vous vous adresserez à ce rocher, là-bas, et il donnera de l’eau ; oui, tu feras jaillir de l’eau de ce rocher, pour donner à boire aux Israélites et à leurs troupeaux ! Moïse alla chercher son bâton dans la demeure du Seigneur, selon l’ordre reçu” Nombres 20 :6-9.

Moïse cède à l’impatience

“Aaron et lui (Moïse) convoquèrent la communauté devant le rocher désigné, et leur dirent : Ecoutez donc, vous, les rebelles ! Serons-nous capables de faire jaillir pour vous de l’eau de ce rocher ? Moïse leva le bras et frappa à deux reprises le rocher avec son bâton. Aussitôt de grandes quantités d’eau en jaillirent, et les Israélites purent s’y désaltérer, de même que leurs troupeaux. Mais le Seigneur dit à Moïse et à Aaron : Vous n’avez pas eu confiance en moi, vous n’avez pas laissé ma sainteté se manifester aux yeux des Israélites ! Pour cette raison, ce n’est pas vous qui conduirez ce peuple dans le pays que je leur donne” Nombres  20 :10-12.

En la circonstance, Moïse se rendit coupable d’une faute : fatigué d’entendre les plaintes continuelles que le peuple formulait contre lui, sur l’ordre du Seigneur il prit son bâton et, au lieu de parler au rocher comme Dieu le lui avait dit, il le frappa à deux reprises en disant : “Serons-nous capables de faire jaillir pour vous de l’eau de ce rocher ?” Il prononça là des paroles  inconsidérées. Il ne dit pas : L’Eternel va maintenant vous donner une autre preuve de son pouvoir en faisant jaillir de l’eau de ce rocher. Il ne dit pas que c’était la puissance et la gloire divines qui avaient fait surgir à nouveau l’eau du rocher, et par conséquent, il ne magnifia pas Dieu au yeux du peuple. A cause de cette faute, le Seigneur ne permit pas à Moïse de conduire Israël jusque dans la terre promise.

Cette manifestation de la puissance de Dieu, qui répondait   à une nécessité, était une occasion particulièrement solennelle que Moïse et Aaron auraient dû saisir pour impressionner favorablement le peuple. Mais, énervé, excédé et irrité par les murmures continuels des Israélites, Moïse leur dit : “Ecoutez donc, vous, les rebelles ! Serons-nous capables de faire jaillir pour vous de l’eau du rocher ?” En s’exprimant de cette façon,  il admettait pratiquement qu’ils se plaignaient à juste titre quand ils l’acccusaient de les avoir fait sortir d’Egypte. Certes, Dieu avait pardonné les Hébreux pour des fautes plus graves que celle dont Moïse s’était rendu coupable ; mais la gravité d’un péché commis par un chef n’est pas la même que s’il a été commis   par ses subordonnés. C’est pourquoi le Seigneur ne pouvait pas excuser la faute de Moïse et ne lui permit pas d’entrer au pays de Canaan.

Là—à Cadès—Dieu montra à son peuple de façon évidente que Celui qui avait accompli une telle délivrance en les libérant de l’esclavage dont ils souffraient en Egypte n’était pas Moïse, mais l’Ange puissant qui les guida au cours de tous leurs déplacements et dont il est écrit : “Je vais envoyer un ange qui vous précédera et vous protégera le long du chemin ; il vous conduira dans le pays que je vous ai préparé. Prenez bien soin de lui obéir, de ne pas vous montrer insoumis ; il ne supporterait pas votre révolte, car il agit en mon nom” Exode 23 :20, 21.

Moïse s’était arrogé la gloire qui appartient à Dieu seul. L’Eternel fit donc en sorte que le peuple rebelle sache avec certitude que ce n’était pas Moïse qui les avait fait sortir d’Egypte, mais lui-même. Le Seigneur avait confié à Moïse la charge de conduire Israël tandis que l’Ange puissant précéderait les Hébreux dans tous leurs déplacements et les dirigerait au cours de leurs pérégrinations. Etant donné qu’ils oubliaient si facilement que Dieu les conduisait au moyen de son Ange et qu’ils attribuaient à l’homme ce que la puissance divine seule pouvait accomplir, l’Eternel les mit à l’épreuve pour voir s’ils lui obéiraient. Mais chaque fois, ils ne supportaient pas l’épreuve. Au lieu de croire en Dieu et  de reconnaître qu’il avait jalonné leur route de manifestations  de son pouvoir et de preuves de son amour et de sa sollicitude, ils doutèrent de lui et accusèrent Moïse de les avoir fait sortir d’Egypte et d’être responsable de tous leurs malheurs. Moise avait supporté leur entêtement avec une patience remarquable. Une fois, ils avaient même voulu le lapider.

Un châtiment exemplaire

En interdisant à Moïse l’entrée dans la terre promise, le Seigneur voulut effacer définitivement de l’esprit des Israélites l’idée erronée que la faute de leur dirigeant resterait impunie. L’Eternel avait grandement honoré Moïse et avait déployé devant lui sa gloire. Il lui avait permis de s’approcher de sa sainte présence sur la montagne, et était allé jusqu’à s’entretenir avec lui comme un homme parle avec son ami. Par l’intermédiaire de Moïse, il avait fait connaître au peuple, sa volonté, ses statuts   et ses lois. Le fait que Moïse avait bénéficié d’un tel honneur rendit sa faute d’autant plus grave. Il s’était repenti de son péché et s’en était profondément humilié devant Dieu. Il fit part de sa faute et de son repentir aux Israélites, et il ne leur cacha pas les conséquences qui en résultaient, à savoir que pour n’avoir pas rendu gloire au Seigneur, il ne les introduirait pas dans le pays promis. Il ajouta que si sa faute avait été estimée d’une gravité suffisante pour être sanctionnée par un châtiment divin, avec quelle sévérité le Très-Haut ne condamnerait-il pas les accusations répétées qu’ils avaient proférées contre lui (Moïse), par suite des jugements de Dieu dont ils avaient été frappés à cause de leurs péchés !

En raison de cette seule défaillance, Moïse avait donné l’impression que c’était lui qui avait fait jaillir l’eau du rocher, alors qu’il aurait dû exalter le nom de l’Eternel devant les Hébreux. Quoi qu’il en soit, le Seigneur entendait tirer les choses au clair avec son peuple en rappelant que Moïse n’était qu’un homme, qui agissait sous la conduite d’un plus puissant que lui : le Fils de Dieu lui-même. Aucun doute ne devait planer sur ce point. “A qui l’on a beaucoup donné, on demandera beaucoup” Luc 12 :48. Moïse avait eu l’immense privilège de contempler la majesté divine. La lumière et la gloire de Dieu lui avaient   été accordées en abondance. En présence du peuple, son visage avait reflété la gloire que le Seigneur avait fait resplendir sur lui. Tous seront jugés selon les privilèges, les lumières et les bienfaits qu’ils ont reçus.

Dieu est particulièrement offensé lorsque des hommes de bien—dont la conduite habituelle est édifiante—commettent des fautes. C’est alors que Satan triomphe, qu’il accable les anges de sarcasmes en faisant ressortir les défaillances des instruments que Dieu s’est choisis et que l’adversaire donne aux incroyants l’occasion de s’élever contre Dieu. Le Seigneur avait conduit tout spécialement Moïse, et il lui avait fait connaître sa gloire comme il ne l’avait fait pour nul autre sur la terre. D’un naturel impatient, il s’était cependant confié dans la grâce divine et avait imploré la sagesse d’en haut avec une telle humilité que le Seigneur l’avait fortifié et lui avait permis de maîtriser son impatience au point que l’Ecriture dit de lui qu’il était plus patient qu’aucun homme sur la face de la terre. Nombres 12 :3, Segond.

Aaron mourut sur la montagne de Hor, car l’Eternel avait dit qu’il n’entrerait pas dans la terre promise parce que, avec Moïse, il avait péché lorsque l’eau avait jailli au rocher de Meriba. Moïse et les fils d’Aaron l’enterrèrent sur la montagne, afin que le peuple ne soit pas tenté d’organiser une grande cérémonie autour de son corps et qu’il ne tombe dans l’idolâtrie.

Source: Histoire de la rédemption de Ellen G. White

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