Par Ellen G. White,
Ce chapitre est basé sur Genèse 32 :24-33 :11.
La faute dont Jacob s’était rendu coupable en obtenant par une tromperie la bénédiction destinée à son frère lui revint en mémoire avec force, et il eut peur que Dieu ne permette à Esaü de lui ôter la vie. Dans son angoisse, il pria Dieu toute la nuit. Je vis qu’un ange se présenta devant Jacob pour lui révéler sa faute sous son vrai jour. Mais au moment où l’ange s’apprêtait à le quitter, Jacob s’accrocha à lui, et le supplia avec larmes de ne pas s’en aller. Il affirma qu’il s’était profondément repenti de ses péchés et des torts qu’il avait causés à son frère, et il dit qu’à la suite de cela, il avait dû rester éloigné de la maison de son père pendant vingt ans. Jacob alla jusqu’à mentionner les promesses de Dieu et les signes de sa faveur dont il avait été l’objet de temps à autre depuis qu’il avait quitté sa famille.
Toute la nuit, Jacob lutta avec l’ange, le suppliant de le bénir. L’ange semblait vouloir repousser sa prière, en lui rappelant constamment ses péchés, tout en essayant de se détacher de lui. Jacob était bien décidé à retenir l’ange, non par la force physique, mais par celle d’une foi vivante. Dans sa détresse, Jacob mentionna le repentir de son âme, et la honte qu’il éprouvait à cause de ses fautes. L’ange considérait sa prière avec une apparente indifférence, cherchant continuellement à se dégager de son étreinte. Il aurait pu faire appel à sa puissance surnaturelle pour s’en libérer, mais préféra s’en abstenir.
Quand l’ange se rendit compte qu’il ne parvenait pas à persuader Jacob de son pouvoir surnaturel, il le frappa à l’articulation de la hanche, qui se déboîta aussitôt. Mais malgré la douleur ainsi causée, Jacob n’était pas disposé à abandonner la partie. Son but était d’obtenir une bénédiction, et la souffrance physique ne suffit pas à détourner son esprit de cet objectif. Dans les derniers instants du combat, il fut encore plus déterminé qu’au début. Sa foi persista et grandit jusqu’au dernier moment—jusqu’au lever du jour. Il ne laissa pas l’ange partir jusqu’à ce que celui-ci l’ait béni. “Il (l’ange) dit alors : Laisse-moi partir, car voici l’aurore. Je ne te laisserai pas partir si tu ne me bénis pas, répliqua Jacob” Genèse 32 :26, 27. Alors l’ange lui demanda : “Comment t’appelles-tu ? Jacob, répondit-il. L’autre reprit : On ne t’appellera plus Jacob mais Israël, car tu as lutté avec Dieu et contre les hommes, et tu as été le plus fort” Genèse 32 :28, 29.
La victoire de la foi
La foi persévérante de Jacob remporta la victoire. Il se cramponna à l’ange jusqu’à ce qu’il ait obtenu la bénédiction qu’il désirait, et l’assurance que ses péchés étaient pardonnés. Son nom : Jacob, le supplanteur, fut changé en celui d’Israël, qui signifie un prince de Dieu. S’adressant à l’ange, il lui demanda : “Dis-moi donc quel est ton nom. Pourquoi me demandes-tu mon nom ? répondit-il. Alors il bénit Jacob. Celui-ci déclara : J’ai vu Dieu face à face et je suis encore en vie” Genèse 32 :30, 31. C’est le Christ qui avait lutté toute cette nuit-là avec Jacob, et qu’il avait retenu auprès de lui jusqu’à ce qu’il l’ait béni.
Le Seigneur entendit les supplications de Jacob et changea les dispositions du cœur d’Esaü. Cependant, il n’approuva aucune des mauvaises actions que Jacob avait commises. La vie de celui-ci avait été marquée par le doute, la perplexité et le remords, à cause de son péché, jusqu’à ce qu’il ait lutté de toute son âme avec l’ange et qu’il ait acquis la certitude que le Seigneur avait pardonné ses fautes.
“Il (Jacob) combattit contre un ange, celui-ci fut vainqueur. Jacob pleura et demanda grâce. A Béthel il rencontra Dieu, et Dieu lui parla” Osée 12 :4, 5.
Esaü allait à la rencontre de Jacob avec une armée, dans l’intention de tuer son frère. Mais tandis que Jacob luttait avec l’ange, un autre ange était envoyé pour agir sur le cœur d’Esaü durant son sommeil. En songe, celui-ci vit son frère en exil depuis vingt ans loin de la maison de son père, parce qu’il craignait pour sa vie. Il le vit marqué par le chagrin à cause de la mort de sa mère. Il le vit plein d’humilité et entouré des anges de Dieu. Esaü rêva qu’en le retrouvant, il n’éprouvait aucune envie de lui faire du mal. Lorsqu’il sortit de son sommeil, il raconta le songe qu’il avait eu à ses quatre cents hommes, et leur dit de ne pas faire de mal à Jacob, parce que le Dieu de son père était avec lui. Quand ils rencontreraient Jacob, nul d’entre eux ne devait porter la main sur lui.
“Jacob vit Esaü qui arrivait avec quatre cents hommes. Il répartit les enfants entre Léa, Rachel et les deux servantes. Il plaça en tête les deux servantes avec leurs enfants, puis derrière eux Léa et ses enfants, enfin Rachel et Joseph. Lui-même s’avança le premier. Il s’inclina sept fois jusqu’à terre avant d’arriver près de son frère. Alors Esaü courut à sa rencontre, se jeta à son cou et l’embrassa” Genèse 33 :1-4. Jacob pria Esaü de bien vouloir accepter de sa part une offrande de paix, que son frère refusa. Jacob lui dit : “Accepte donc, je t’en prie, le cadeau que je t’ai envoyé, car Dieu m’a été favorable, et j’ai tout ce qu’il me faut. Jacob insista. Esaü finit par accepter” Genèse 33 :11.
Un enseignement pour le peuple de Dieu
Jacob et Esaü représentent deux catégories de personnes : Jacob représente les justes, et Esaü les méchants. La détresse que Jacob éprouva en apprenant que son frère marchait à sa rencontre avec quatre cents hommes représente l’angoisse des justes lorsqu’un décret de mort sera promulgué contre eux aussitôt avant le retour du Seigneur. Quand ils seront encerclés par les méchants, ils seront saisis de frayeur, car, comme Jacob, ils ne verront aucun moyen de sauver leur vie. L’ange se tint devant Jacob qui s’accrocha à lui, le retint et lutta avec lui toute la nuit. Il en sera de même des justes, au temps de trouble et d’angoisse : ils lutteront avec Dieu dans la prière comme Jacob a lutté avec l’ange. Dans sa détresse, Jacob pria toute la nuit, afin d’être délivré de la main d’Esaü. Les justes, effrayés, crieront eux aussi à Dieu jour et nuit pour qu’il les délivre de la main des méchants qui les assailliront de toutes parts.
Jacob reconnut son indignité : “Seigneur, je ne suis pas digne de toutes les faveurs que tu m’as accordées avec tant de fidélité, à moi ton serviteur” Genèse 32 :10. Dans leur détresse, les justes auront le sentiment de leur totale indignité, la confesseront avec larmes et, à l’exemple de Jacob, se réclameront des promesses de Dieu par Jésus-Christ, destinées à de tels pécheurs dépendants, impuissants et repentants.
Jacob se raccrocha désespérément à l’ange, refusant de le laisser aller. Comme il le suppliait avec larmes, l’ange lui rappela ses fautes passées et, pour l’éprouver, il essaya de lui échapper. Ainsi, aux jours d’angoisse, les justes seront éprouvés et passés au crible, pour que soient manifestées la force de leur foi, leur endurance et leur confiance inébranlable en la puissance de Dieu qui peut les délivrer.
Jacob ne lâcha pas prise. Connaissant la bonté de Dieu, il fit appel à sa miséricorde. Il confessa ses erreurs passées, rappela qu’il s’en était repenti, et supplia le Seigneur de le délivrer de la main d’Esaü. Ses supplications se prolongèrent toute la nuit. Le souvenir de ses fautes le conduisit presque au désespoir. Jacob savait qu’il lui fallait recevoir l’aide de Dieu, ou périr. Il se cramponna donc à l’ange et formula sa requête avec ardeur et angoisse, jusqu’à ce qu’il eut obtenu gain de cause.
Il en sera de même des justes. En se remémorant les faits de leur vie passée, ils perdront presque tout espoir. Mais, comprenant qu’il s’agit d’une question de vie ou de mort, ils crieront à Dieu de toute leur âme, le supplieront de prendre en compte leurs regrets et leur humble repentir à cause de leurs nombreux péchés ; puis ils se réclameront de sa promesse : “Celui qui me prendra pour rempart avec moi fera la paix, il fera la paix avec moi” (Ésaïe 27 :5), Traduction Oecuménique de la Bible. Ainsi, leurs ardentes requêtes monteront vers Dieu jour et nuit. L’Eternel n’aurait pas exaucé la prière de Jacob et il n’aurait pas sauvé sa vie dans sa bonté s’il ne s’était pas repenti au préalable des fautes qu’il avait commises en obtenant la bénédiction de son père par une supercherie.
Les justes, comme Jacob, manifesteront une foi inlassable et une détermination à toute épreuve. Ils auront le sentiment de leur indignité, mais n’auront pas de fautes cachées. S’ils n’avaient pas confessé certains de leurs péchés et s’ils ne s’en étaient pas repenti, et que ces péchés leur reviennent à l’esprit tandis qu’ils sont torturés par la peur et l’angoisse et éprouvent le vif sentiment de leur indignité, ils seraient totalement vaincus. Leur foi serait anéantie par le désespoir, ils seraient incapables de supplier Dieu de les délivrer, et ils perdraient leur temps à confesser des péchés cachés et à se lamenter sur leur condition désespérée.
Le temps de grâce est celui qui est accordé à tous pour qu’ils se préparent au jour du Seigneur. Ceux qui négligent la préparation requise et n’écoutent pas les avertissements qui sont donnés, seront sans excuse. La lutte ardente, persévérante de Jacob avec l’ange est un exemple pour les chrétiens : Jacob a été vainqueur parce qu’il s’est montré persévérant et déterminé.
Tous ceux qui, à l’instar de Jacob, désirent obtenir la bénédiction de Dieu, se réclament de ses promesses, qui font preuve de la même sincérité et de la même persévérance que lui, vaincront comme il a vaincu. Parce qu’ils sont indolents dans les choses spirituelles, de nombreux soi-disant croyants manifestent peu de foi réelle et reflètent bien faiblement la vérité divine. Ils ne sont pas disposés à faire des efforts, à renoncer au moi, à souffrir pour Dieu, à prier longuement et avec ferveur pour obtenir sa bénédiction—et en conséquence, ils ne l’obtiennent pas. La foi qui survivra au temps de trouble doit être exercée maintenant chaque jour. Ceux qui, actuellement, ne font pas de grands efforts pour développer leur foi, seront incapables d’exercer la foi qui leur permettrait de rester fermes pendant le temps de trouble.
Source: Histoire de la rédemption de Ellen G. White