Histoire de la rédemption: « Jacob et Esaü »

Par Ellen G. White

Ce chapitre est basé sur Genèse 25 :19-34 ; 27 :1-32.

Dieu connait la fin dès le commencement. Il savait donc, avant même leur naissance, quel serait le caractère de Jacob et d’Esaü. Il savait qu’Esaü n’aurait pas un cœur enclin à lui obéir. Le Seigneur répondit à la prière angoissée de Rébecca et lui annonça qu’elle aurait deux enfants, dont l’aîné serait assujetti au plus jeune. Il lui prédit l’avenir de ses deux fils, à savoir qu’ils seraient à l’origine de deux peuples, dont l’un serait plus fort que l’autre, et que le plus grand serait dominé par le plus petit. Le premier-né bénéficiait d’avantages et de privilèges particuliers dont ne jouissaient pas les autres membres de la famille.

Isaac aimait Esaü plus que Jacob, parce qu’Esaü lui procurait du gibier. Il admirait le courage et l’audace avec lesquels ce    fils chassait les animaux sauvages. Jacob, lui, était le préféré   de sa mère, parce que sa douceur convenait mieux à son cœur  de femme. Elle avait appris  à  Jacob  ce  que  Dieu  lui  avait  fait savoir : que l’aîné de ses deux fils serait soumis au plus jeune. Or, dans l’esprit du jeune Jacob, cela signifiait que cette promesse ne pouvait pas se réaliser aussi longtemps qu’Esaü possédait les privilèges qui appartenaient de droit au premier-né. Un jour qu’Esaü revenait des champs, très affamé, Jacob profita de l’occasion pour en tirer avantage : il consentirait à lui offrir du potage aux lentilles qu’il avait préparé à condition qu’Esaü renonçe totalement à ses droits. C’est ainsi qu’Esaü vendit son droit d’aînesse à Jacob.

Esaü épousa deux femmes idolâtres,  ce qui fut une cause  de profonde tristesse pour Isaac et Rébecca. Malgré cela, Jacob préférait Esaü à Jacob. Quand il vit sa fin approcher, il demanda à Esaü de lui préparer un plat de viande, afin qu’il puisse le bénir avant de mourir. Esaü n’avait pas dit à son père qu’il avait vendu sous serment son droit d’aînesse à Jacob. De son côté, Rébecca avait entendu ce qu’Isaac avait demandé à Esaü, et elle se souvint des paroles du Seigneur : “L’aîné servira le plus jeune” Genèse 25 :23. Par ailleurs, elle savait qu’Esaü avait fait bon marché de son droit d’aînesse et qu’il l’avait vendu à Jacob. Elle persuada celui-ci de tromper son père et, en usant de supercherie, de recevoir la bénédiction de son père qu’elle ne croyait pas pouvoir obtenir par un autre moyen. Jacob se montra tout d’abord réticent à l’idée de commettre cette tromperie. Mais finalement, il accepta le plan de sa mère.

Rébecca connaissait bien les préférences d’Isaac pour Esaü, et elle savait qu’aucun raisonnement n’y changerait rien. Loin de se confier en Dieu, qui dirige les événements, elle montra son manque de foi en persuadant Jacob de tromper son père. Sur    ce point, le Seigneur n’approuva pas Jacob. Rébecca et Jacob auraient dû attendre que Dieu accomplisse ses desseins à sa manière et au moment qu’il jugeait opportun, au lieu de forcer  le cours des événements en recourant à une tromperie.

Si Esaü avait reçu la bénédiction de son père, qui était accordée au premier-né, sa prospérité serait venue de Dieu seul, et le ciel aurait pu lui donner soit la prospérité, soit l’adversité, selon sa conduite. S’il avait aimé et respecté Dieu,  comme Abel, le juste, il aurait été agréé et béni du Seigneur. Mais si, comme le méchant Caïn, il n’avait pas respecté Dieu ni ses commandements, et s’il avait suivi ses mauvaises voies, il n’aurait pas été béni du Très-Haut et aurait été rejeté de lui, comme Caïn. Si la conduite de Jacob était digne, s’il aimait et craignait Dieu, il serait béni, et la sollicitude divine lui serait assurée, même s’il n’avait pas obtenu les bénédictions et les privilèges habituellement réservés au premier-né.

Les années d’exil

Rébecca se repentit amèrement du mauvais conseil qu’elle avait donné à Jacob, car, à la suite de cela, elle fut séparée de lui pour toujours. En effet, celui-ci fut obligé de fuir pour sauver sa vie, à cause de la colère de son frère, et sa mère ne devait jamais plus revoir son fils préféré. Isaac vécut de nombreuses années après avoir accordé sa bénédiction à Jacob, et, en comparant la conduite de ses deux fils, le patriarche acquit la conviction que cette bénédiction revenait de droit à Jacob.

Bien que ses deux épouses fussent sœurs, Jacob n’était pas heureux en ménage. Il avait passé un contrat de mariage avec Laban pour pouvoir épouser sa fille Rachel, qu’il aimait. Après que Jacob eut travaillé pendant sept ans à son service pour obtenir la main de Rachel, Laban usa de supercherie à son égard et lui donna Léa comme épouse. Quand Jacob se rendit compte de la tromperie dont il avait été victime, et que de plus Léa avait été complice de cette ruse, il ne lui fut pas possible de l’aimer. En fait, Laban, oncle de Jacob, voulait profiter le plus longtemps possible des services de son neveu ; c’est pourquoi il le trompa et lui donna Léa à la place de Rachel. Jacob reprocha à Laban de n’avoir tenu aucun compte de ses sentiments et de lui avoir donné Léa, qu’il n’aimait pas. Néanmoins, Laban supplia Jacob de ne pas la répudier, car à l’époque, un tel geste était considéré comme un grand déshonneur, non seulement pour l’épouse, mais pour la famille tout entière. Jacob se trouva donc dans une situation très délicate, mais il décida de garder Léa, et d’épouser aussi Rachel. Mais Léa fut beaucoup moins aimée que sa sœur.

Laban se comportait en égoïste à l’égard de Jacob. Il cherchait uniquement à tirer profit des fidèles services de Jacob. Ce dernier aurait quitté depuis longtemps son oncle rusé s’il n’avait craint de rencontrer Esaü. Un jour, Jacob “apprit que les fils de Laban disaient : “Jacob s’est emparé de tout ce qui appartenait à notre père ; c’est de cette façon qu’il s’est constitué toute sa richesse.” Il s’aperçut aussi que Laban n’avait plus à son égard la même attitude qu’auparavant” Genèse 31 :1, 2.

Jacob fut attristé et désemparé. Il présenta son cas au Seigneur et lui demanda de le diriger. Dans sa bonté, l’Eternel répondit   à ses appels de détresse : “Retourne au pays de tes parents, auprès de ta famille. Je serai avec toi. Jacob fit venir Rachel     et Léa aux champs, où étaient ses troupeaux, pour leur dire :      Je m’aperçois que votre père n’a plus à mon égard la même attitude qu’auparavant, mais le Dieu de mon père a été avec  moi. Vous savez bien que j’ai servi votre père de toutes mes forces ; pourtant il a changé dix fois mon salaire. Mais Dieu ne l’a pas laissé me faire du tort” Genèse 31 :3-7. Jacob raconta     à ses deux femmes le songe qu’il avait reçu de Dieu, d’après lequel il devait quitter Laban et retourner dans sa famille. Rachel et Léa lui dirent qu’elles n’approuvaient pas les agissements de leur père. Et après que Jacob eut rappelé les torts de son oncle   à leur égard et qu’il leur eut proposé de quitter Laban, Rachel et Léa répondirent : “Nous n’avons plus de part d’héritage dans la maison de notre père. Ne nous a-t-il pas considérées comme des étrangères, puisqu’il nous a vendues et qu’il a ensuite dépensé l’argent qui devait nous revenir ? Par conséquent tous les biens que Dieu a enlevés à notre père nous appartiennent, à nous et à nos enfants. Fais donc tout ce que Dieu t’a ordonné” Genèse 31 :14-16.

Le retour en Canaan

En l’absence de Laban, Jacob prit sa famille et tous ses biens, et partit. Après que celui-ci eut voyagé pendant trois jours, Laban apprit qu’il l’avait quitté, et il entra dans une grande colère. Il  se mit alors à sa poursuite, bien décidé à le ramener chez lui de force. Mais le Seigneur eut pitié de Jacob et, tandis que Laban était sur le point de le rattraper, Dieu lui parla en songe et lui   dit : “Garde-toi de faire quoi que ce soit à Jacob” Genèse 31 :24. Autrement dit, il ne devait ni l’obliger à revenir chez lui, ni lui faire des promesses mirifiques.

Quand Laban se trouva devant Jacob, il lui demanda pourquoi il était parti comme un voleur, en emmenant ses filles comme des captives prises par l’épée, et il ajouta : “Ma main est assez forte pour vous faire du mal ; mais le Dieu de votre père m’a dit hier : Garde-toi de parler à Jacob ni en bien ni en mal !” Jacob rappela alors à Laban la mesquinerie dont il avait fait preuve à son égard, ne cherchant toujours que son avantage. Puis il dit     à son oncle qu’il avait agi avec droiture envers lui : “Jamais je ne t’ai rapporté une bête tuée par les animaux sauvages, j’en ai suppporté moi-même la perte. Tu me réclamais les bêtes volées, qu’elles aient été dérobées le jour ou la nuit. Le jour je souffrais de la chaleur et la nuit du froid, au point de ne pouvoir trouver le sommeil” Genèse 31 :39, 40.

Jacob ajouta : “J’ai accepté de passer vingt ans chez toi ; j’ai travaillé chez toi quatorze ans pour épouser tes deux filles et six ans pour acquérir du bétail, mais toi, tu as changé dix fois mon salaire. Si le Dieu de mon grand-père Abraham, le Dieu qui faisait trembler mon père Isaac, ne m’avait pas aidé, tu m’aurais laissé repartir les mains vides” Genèse     31 :41, 42.

Sur ce, Laban donna à son neveu l’assurance qu’il avait      de l’affection pour ses filles et pour leurs enfants, et que par conséquent, il ne leur ferait pas de mal. Il proposa même de conclure une alliance avec Jacob : “Allons, concluons tous les deux un accord, et qu’il y ait un témoin entre nous. Jacob prit alors une pierre et la dressa. Ensuite il dit à ses gens de ramasser des pierres. Ils en ramassèrent et en firent un tas. Puis tous mangèrent sur ce tas” Genèse 31 :44-46.

Et Laban dit encore : “Que le Seigneur nous surveille quand nous serons hors de vue l’un de l’autre. Si tu fais souffrir mes filles, si tu prends d’autres femmes pour épouses, fais bien attention, ce n’est pas un homme qui est témoin entre nous, mais Dieu lui-même” Genèse 31 :49, 50.

De son côté, Jacob fit devant Dieu la promesse solennelle qu’il ne prendrait pas d’autres femmes. “Laban dit à Jacob : Regarde ce tas de pierres que j’ai placé entre nous, regarde  cette pierre dressée. Ce tas et cette pierre sont pour nous des témoins : je ne dois pas les dépasser dans ta direction avec de mauvaises intentions, ni toi non plus dans ma direction. Que le Dieu d’Abraham et le Dieu de Nahor soient juges entre nous. Alors Jacob prêta serment par le Dieu qui faisait trembler son père Isaac” Genèse 31 :51-53.

Tandis que Jacob poursuivait son chemin, les anges de Dieu le rencontrèrent. Quand il les vit, il dit : “C’est le camp de Dieu !” Genèse 32 :2, Segond. Il vit en songe les anges du Seigneur   qui se tenaient autour de lui, et il envoya un message empreint d’humilité et d’esprit de conciliation à son frère Esaü.

“Les messagers revinrent dire à Jacob : Nous sommes allés trouver ton frère Esaü. Il marche à ta rencontre avec quatre cents hommes. Jacob fut saisi d’une très grande peur. Il sépara en deux groupes les gens qui étaient avec lui, ainsi que les moutons et  les chèvres, les bœufs et les chameaux. Il se disait : “Si Esaü  s’attaque à un groupe, l’autre pourra échapper.”

”Ensuite, Jacob pria : O Dieu de mon grand-père Abraham, de mon père Isaac, tu m’as dit : “Retourne dans ton pays, auprès de ta famille. J’agirai et tout ira bien pour toi.” Seigneur, je ne suis pas digne de toutes les faveurs que tu m’as accordées avec tant de fidélité, à moi ton serviteur. Je n’avais que mon bâton quand j’ai traversé le Jourdain, et maintenant je reviens avec ces deux groupes. Délivre-moi de mon frère Esaü, car j’ai peur de lui, je crains qu’il vienne me tuer avec les femmes et les enfants. Souviens-toi que tu m’as dit : “J’agirai et tout ira très bien pour toi. Je rendrai tes descendants innombrables, comme les grains de sable au bord de la mer”” Genèse 32 :6-12.

Source: Le livre Histoire de la Redemption de Ellen G. White

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