Chanter sous la pluie. Vous traversez une période difficile ? Continuez à louer dieu ! Une Réflexion Sur Psaume 137.1-4

Par Alain G. Coralie

Singin’ in the Rain (Chantons sous la pluie) est de loin l’une des comédies musicales les plus célèbres de tous les temps. Dans l’une de ses scènes les plus mémorables, on voit un Gene Kelly amoureux se balançant sur un lampadaire et chantant, tout sourire, la chanson thème. Malgré son exubérance romantique et son apparente insouciance, cette chanson thème a pour toile de fond des « nuages orageux » qui sont toujours présents. Et cependant, elle nous rappelle que la paix peut briller même dans les moments les plus sombres. Il s’agit donc d’une invitation à continuer à chanter lorsqu’on est confronté à des circonstances défavorables. En ceci, les chrétiens devraient être les premiers et les meilleurs à chanter sous la pluie ! Convaincus que le Seigneur règne, et gardant à l’esprit que Dieu reste le Créateur souverain et le Maître de l’univers, les chrétiens peuvent chanter, qu’il pleuve ou qu’il fasse beau. (Voir Ps 22.29 ; 47.9 ; 103.19 ; Dn 4.34,35 ; 1 Tm 6.13-15).

COMPRENDRE LE ROYAUME DE DIEU

Le royaume de Dieu transcende le temps et l’espace, les cultures et les civilisations, les prêtres et les politiciens. Il est à la fois maintenant et pas encore, présent et encore à venir1,/sup>. Ce royaume est venu en la personne de Jésus, lequel a dit : « Le royaume de Dieu est donc venu vers vous » (Lc 11.20)2. Du coup, les chrétiens, alors qu’ils manifestent la réalité du royaume dans leur vie, reconnaissent la seigneurie de Jésus.

Cependant, ils se souviennent aussi que le royaume n’est pas encore ici dans toute sa plénitude. En tant que pèlerins, ils vivent dans la bienheureuse espérance que le royaume de Dieu sera bientôt pleinement manifesté lors de la seconde venue de Jésus (voir Ph 3.20). Par conséquent, ils vivent dans la tension « déjà-pas encore » – la tension entre la première et la seconde venue de Jésus, entre l’inauguration et la consommation du royaume de Dieu.

Le problème, c’est que de nombreux chrétiens ont tendance à mettre l’accent sur la phase de consommation du royaume, sans apprécier pleinement l’impact et les implications de son inauguration. L’accent est mis sur « Quand Jésus viendra dans la gloire, il n’y aura plus de larmes, plus de chagrin, plus de douleur ! ». Mais qu’en est-il maintenant ? Comment devons-nous gérer les défis et les épreuves de cette vie en attendant la consommation du royaume ?

La réponse se trouve dans le fait de nous rappeler que le Seigneur règne, même maintenant ! Et parce qu’il règne, nous pouvons chanter sous la pluie. Parce qu’il règne sur l’univers tout entier, y compris sur les moindres détails de nos vies, nous pouvons continuer de chanter même lorsque tout semble se mettre en travers de notre chemin.

QUAND LES ÉPREUVES POINTENT

Pourtant, il y a des moments où nous l’oublions – surtout lorsque les épreuves nous épuisent au point où nous devenons abattus, découragés, désespérés. On trouve une telle situation dans le psaume 137, alors que les enfants de Dieu réfléchissaient à leur exil à Babylone, à des centaines de kilomètres de chez eux. Jérusalem, la ville de la paix, était en ruine. La terre promise semblait perdue. Le temple, symbole de la présence de Dieu, était détruit. Militairement, ils étaient vaincus. Politiquement, humiliés. Économiquement, dévastés. Socialement, assujettis. Spirituellement, épuisés ! La foi des enfants d’Israël était tellement ébranlée qu’ils sont restés sans voix. En songeant à leur voyage en exil, ils ont pensé à Sion. Désorientés et consumés par un grand sentiment d’impuissance et d’abandon, ils ont accroché leurs harpes, se sont assis et ont pleuré.

C’est alors que les railleries ont commencé. « Allez ! criaient leurs ravisseurs babyloniens. Vous êtes réputés pour vos chants et votre musique. Chantez-nous l’une de vos chansons maintenant. N’êtes-vous pas le peuple de Dieu ? Allez, chantez donc ! » Mais comment pouvaient-ils chanter ces chants de Sion dans ce pays étranger ? Comment pouvaient-ils proclamer la puissance et la grandeur de Dieu, alors qu’eux, son propre peuple, étaient faibles et vaincus ? Comment pouvaient-ils chanter des chants de joie, d’espérance et de promesse alors que tout ce qui leur appartenait n’était plus que décombres, cendres, et désespoir ? Non, ils ont accroché simplement leurs harpes, sont entrés dans une période de pleurs et ont refusé de chanter.

Pourquoi n’ont-ils pas chanté ?

Peut-être à cause d’une sainte indignation. Ils auraient pu dire : « Ne comprenez-vous pas à quel point nous avons le coeur brisé ? Comment osez-vous nous demander de chanter comme si nous vous offrions un spectacle ? »

Ou peut-être parce qu’ils étaient vraiment découragés, démoralisés, et abattus. Avez-vous déjà atteint un point si bas dans la vie que vous auriez peut-être encore une chanson en vous mais n’arriveriez pas à la faire sortir ? Parfois, la vie peut être tellement dure, tellement difficile, tellement douloureuse ! Parfois, la vie semble n’avoir aucun sens ! La douleur est si profonde que nous pensons que nous allons devenir fous. Nous essayons d’être aussi positifs et joyeux que possible, mais notre esprit jovial et nos éclats de rire sont les hôtes secrets d’un sentiment de tristesse et de douleur étouffant.

Ainsi, étranglés par la douleur, les captifs israélites étaient incapables de chanter ; ils ont accroché leurs harpes.

Pourquoi n’ont-ils pas chanté ?

Serait-ce parce qu’ils n’avaient pas le bon objectif ? Arrêtons-nous un instant sur le verset 1 du psaume 137 : « Sur les bords des fleuves de Babylone, nous étions assis et nous pleurions, en nous souvenant de Sion. »

C’était donc ça ! Ils se souvenaient de Sion – leur centre social, politique et économique ! Ils se souvenaient de leur capitale religieuse, une ville où Yahvé avait été particulièrement actif dans l’histoire de leur nation ! Combien de fois les messagers de Dieu avaient-ils prêché la repentance dans cette ville, mais ils avaient refusé d’écouter ? Combien de fois les prophètes avaient-ils parcouru les rues de Jérusalem en suppliant les gens de se détourner du mal, mais ils n’avaient pas voulu entendre leurs appels ? Pendant des années, ils s’étaient accrochés aux signes extérieurs de la religion, au temple, aux cérémonies, mais sans vouloir suivre les voies de Dieu. Et maintenant que le temple avait disparu, leur foi laissait à désirer.

Malheureusement, lorsque les captifs israélites ont refusé de chanter, du coup, ils ont refusé de témoigner. Leurs geôliers ne cessaient de les inciter à chanter. Il est clair qu’ils ne leur auraient pas demandé des chants de Sion s’ils avaient déjà chanté ! Au lieu de cela, les enfants d’Israël pleuraient sur Jérusalem alors qu’ils auraient pu témoigner par le chant que le Créateur était plus grand que la ville, que leur Dieu était plus grand que le temple. Ils ont refusé de chanter alors qu’ils auraient pu témoigner que la foi passionnée était plus forte que leurs épreuves, et que leur Dieu était plus fort que toute calamité. Ils auraient pu chanter pour déclarer que leur Dieu dominait les nations, que sa grâce n’était pas limitée par les circonstances, ni sa puissance freinée par l’adversité.

CHANTER MALGRÉ TOUT

Que faisons-nous quand ça va mal, quand les épreuves surviennent, quand l’espoir s’évanouit ? Chantons-nous encore sous la pluie ? Pouvons-nous chanter le chant du Seigneur dans le pays étrange du désespoir, de la douleur et de l’abandon ? Que devons-nous faire lorsque nous avons envie d’abandonner ? Que pouvons-nous faire quand nous n’avons pas envie de chante

La réponse doit être claire : quel que soit le travail, quelle que soit l’épreuve, quelle que soit la tribulation, chantons quand même – chantons sous la pluie !

Ce n’est pas toujours facile, surtout lorsque le malin vient nous narguer et nous mettre au défi de chanter. Nous sommes peut-être déjà passés par là. Le père rentre à la maison et dit à la mère : « C’est fini. Je pars. Toi et les enfants, oubliez-moi ! » Et le diable dit : « Vas-y maintenant, chante-la ta chanson !!! »

Le médecin dit : « C’est un cancer. » Et le diable se moque : « Vas-y maintenant, chante-la ta chanson ! »

Les notes de l’examen ne sont pas celles que nous espérions… et le diable nous met au défi de chanter.

Alors, que faire quand on n’a pas la moindre envie de chanter ? Quelles que soient les circonstances, chantons quand même. Chantons sous la pluie ! Quelles que soient les épreuves, n’accrochons pas nos harpes. Chantons sous la pluie ! Car nous sommes appelés à chanter sous le règne ! La louange est une arme puissante. Ellen White a écrit : « Nos louanges et notre gratitude devraient s’exprimer par des cantiques. Lorsque nous sommes tentés, au lieu de donner libre cours à nos sentiments, chantons les louanges de Dieu. […] Le chant est une arme dont on peut toujours se servir contre le découragement3,/sup>. »

En vérité, le chant est un don puissant de Dieu. Il peut inspirer, exprimer notre douleur et nos combats, adoucir nos chagrins et nos pertes, sécher nos larmes et faire renaître la joie.

Prenons Paul et Silas, par exemple. On les avait jetés injustement en prison (Ac 16.16-26). Ils avaient les pieds dans des fers. Dans leurs souffrances, ils commencèrent à prier. Mais comme prier ne suffisait pas, ils se mirent à chanter. Ils se mirent à louer et à adorer Dieu. Qu’ont-ils chanté ? Je ne sais pas. Peut-être quelque chose comme ça :

« Tout le long du chemin, mon Sauveur me conduit ; Que demander de plus ?

La paix céleste, le réconfort le plus divin, par la foi en lui, sont miens,

Car je sais que, quoi qu’il m’arrive, Jésus fait toutes choses bien4. »

Quoi que Paul et Silas aient chanté, ils ont refusé de laisser le diable leur enlever leur chant. Ils ont chanté sous la pluie. Et alors qu’ils continuaient à louer Dieu, la terre a tremblé, et les portes de la prison se sont ouvertes.

N’est-ce pas ce que nous devrions faire lorsque l’adversité frappe ? Ne devrions-nous pas chanter sous la pluie ? En tant que chrétiens, nous ne chantons pas parce que la vie est facile ; nous chantons parce que, peu importe ce que la vie nous envoie, nous savons que Dieu est toujours avec nous. Nous chantons non pas parce que nous n’avons pas de problèmes ; nous chantons parce que nous servons un Dieu qui se spécialise dans la résolution de problèmes. Parfois, nous devrons peut-être chanter à travers les larmes. Parfois, nous devrons peut-être chanter à travers la douleur et la souffrance. Parfois, nous devrons peut-être chanter à travers les nuages noirs et les jours de tempête. Parfois, nous devrons peut-être chanter à travers des questions difficiles et des doutes persistants. Mais nous devons nous résoudre à continuer de chanter sous la pluie, à continuer de louer Dieu et de l’adorer. Nous devons chanter sous la pluie parce que nous sommes sous son règne.

Dieu n’a pas dit : « Louez-moi seulement après avoir reçu la bénédiction tant attendue », ou « Louez-moi seulement quand les factures sont payées », ou « Louez-moi seulement quand vous êtes en bonne santé et quand tout va comme sur des roulettes. » Il a dit plutôt : « Louez-moi parce que je suis digne, bon, saint, juste, sage, et puissant. Louez-moi parce que je suis celui qui vous a donné la vie, et celui qui peut donner un sens à votre vie. Louez-moi parce que personne ne m’égale. Par rapport à la création, je suis auto-existant. Par rapport à la vie, je suis autosuffisant. Par rapport au temps, je suis éternel. Par rapport à l’espace, je suis infini. Par rapport à la connaissance, je suis omniscient. Par rapport au pouvoir, je suis tout-puissant. Louez-moi car je suis l’Alpha et l’Oméga, le premier et le dernier, le commencement et la fin. Louez-moi parce que je règne ! »

C’est pourquoi, même lorsque nous n’avons pas envie de chanter, chantons sous la pluie car notre Seigneur règne. Il règne ! Oui, à l’instar de Paul et de Silas, chantons sous la pluie !

CHRIST, NOTRE EXEMPLE SUPRÊME

Mais plus encore que Paul et Silas, chantons comme Jésus l’a fait. Il n’a jamais cessé de chanter. « Il se tenait par le chant en communion avec le ciel »5. Même dans la chambre haute, même à l’ombre de la croix, il a chanté. « Avant de quitter la chambre haute, écrit Ellen White, le Sauveur chanta un cantique de louanges avec ses disciples. Sa voix fit entendre non pas une complainte mélancolique, mais les notes joyeuses de cet hymne pascal :

“Nations, louez toutes l’Éternel !

Peuples, célébrez-le tous !

Car sa bonté envers nous est grande,

Et la fidélité de l’Éternel demeure à perpétuité.

Louez l’Eternel6 !” » (Ps 117)

Jésus a chanté un chant de louange même lorsque la bataille faisait rage dans son coeur. Il a chanté un chant de louange alors même que lui, qui ne connaissait pas le péché, était sur le point de devenir péché pour nous. Il a chanté un chant de louange alors que la croix était préparée pour lui. Il a chanté un chant de louange alors que lui, dont toute la personne est pleine de charme, allait être haï, pris en aversion. Il a chanté un chant de louange alors que lui, dont les mains avaient guéri tant de gens et dont les pieds avaient parcouru les routes de la Judée et de la Galilée, allait être crucifié. Il a chanté un cantique alors que lui, qui est la vie même, allait subir la mort. Et parce que Jésus n’a jamais cessé de chanter, il nous invite à continuer à chanter sous son règne.

Pèlerins sur cette terre étrangère, continuons à chanter même quand il pleut, car nous sommes sous le règne du Seigneur. Continuons à avancer, continuons de louer Dieu. Car un jour, lorsque le plan divin du salut sera complètement réalisé, lorsque l’espérance sera pleinement concrétisée – en ce jour glorieux, nous chanterons dans cette terre nouvelle en tant que citoyens du règne de Dieu.

* Cet essai est une adaptation d’un sermon prêché à l’église adventiste Wood Green Community de Londres, en Angleterre, le 15 octobre 2022.

Alain G. Coralie titulaire d’un doctorat en théologie de l’université de Bristol, au Royaume-Uni, a récemment accepté un poste de professeur au département de Théologie pratique et appliquée du Séminaire adventiste de théologie de l’université Andrews, au Michigan (États-Unis). Il était auparavant secrétaire exécutif de la Division Afrique centre-est à Nairobi, au Kenya. Son courriel : acoralie@yahoo.com.

Citation recommandée

Alain G. Coralie, « Chanter sous le règne vous traversez une période difficile ? continuez à louer dieu ! Une Réflexion Sur Psaume 137.1-4 », Dialogue 34 (2022/3), p. 9-12

NOTES ET RÉFÉRENCES

  1. Pour des ouvrages traitant du royaume de Dieu, voir George Eldon Ladd, The Gospel of the Kingdom: Scriptural Studies in the Kingdom of God, Grand Rapids, Mich., Eerdmans, 1959, 1990 ; Stephen G. Dempster, Dominion and Dynasty: A Theology of the Hebrew Bible, Downers Grove, Ill.: IVP Academic, 2003.
  2. Sauf mention contraire, toutes les citations des Écritures sont tirées de la version Louis Segond 1910.
  3. Ellen G. White, Le ministère de la guérison, p. 218.
  4. The Seventh-day Adventist Church Hymnal, Washington, D.C., Review and Herald, 1985, n° 516.
  5. Ellen G. White, Jésus-Christ, p. 56.
  6. Ibid., p. 677.

Source: © Comité pour les étudiants et diplômés universitaires adventistes (CEDUA), 2014 – 2023   |   Confidentialité

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