IMAGE ET RESSEMBLANCE DE DIEU EN L’HOMME

INTRODUCTION


Dans Ge. 1: 26 – 27, Dieu dit: « Faisons l’homme à notre image, selon notre ressemblance, et qu’il domine sur les poissons de la mer, sur les oiseaux du ciel, sur le bétail, sur toute la terre, et sur tous les reptiles qui rampent sur la terre. Dieu créa l`homme à son image, il le créa à l’image de Dieu, il créa l`homme et la femme. »

Cette déclaration de Dieu a suscité à travers les âges une série de questions théologiques qui continuent de diviser les étudiants de la Bible. Ces questions sont: Est-ce que les mots ‘image’ et ‘ressemblance’ dans ce passage biblique sont synonymes ou signifient-ils deux réalités différentes? En quoi consistent cette image et cette ressemblance de Dieu auxquelles Adam et Ève ont été créés? En d’autres termes, Est-ce
que cette image et cette ressemblance de Dieu ne touchent qu’à de l’aspect spirituel de l’homme ou bien concernent-elles aussi sa dimension physique? Quel est le dessein de Dieu en créant Adam et Ève à Son image et à Sa ressemblance? 
La présente étude se propose de donner des tentatives de réponses à toutes ces questions, sur la base de la Bible et des Écrits d’Ellen G. White.

Les Expressions « A Notre Image » et « Selon Notre Ressemblance » dans Ge. 1: 26 Sontelles Synonymes ou Désignent-elle Deux Réalités Différentes? Les expressions ‘image’ (tselem en Hébreu et eikon en Grec) et ‘ressemblance’ (demuth en Hébreu et homoiosis en Grec) dans Ge. 1: 26 sont-elles synonymes désignant une seule et même réalité, ou sont-elles différentes, et par conséquent, faisant allusion à deux réalités différentes? Beaucoup de commentateurs croient que ces deux termes expriment deux choses différentes. Pour certains d’entre eux, le terme ‘image’ se référerait au physique de l’homme alors que le terme ‘ressemblance’ se rapporterait à son aspect éthique. D’autres tenants de cette position affirment que le terme ‘image’ indique l’aspect concret le mot ‘ressemblance’ se rapporte à l’aspect abstrait d’une même idée (J.I. Marai).

Mais une étude comparative de Genèse premier, les versets 26 et 27 suggère fortement que les deux mots sont synonymes et que l’auteur a utilisé les deux mots pour exprimer une seule et même idée. Le verset 26 nous apprend qu’il eut une concertation entre le Conseil divin composé du Père, du Fils et du Saint Esprit. La décision fut alors prise de former l’homme à l’image et à la ressemblance de la Divinité (en Anglais, Godhead). Ceci est évident dans l’utilisation de la forme plurielle de ‘El’ qui est Elohim et aussi dans la forme plurielle du verbe utilisé, ‘faisons’. Le verset 27 nous parle de l’exécution de la décision qui a été prise suite à cette concertation. Et là, le synonyme ‘à notre ressemblance’ n’est plus utilisé. Or le verset 27 ne fait que rapporter la réalisation de ce que Dieu (Elohim) a projeté de faire dans le verset 26. Les expressions ‘à notre image’ et ‘selon notre ressemblance’ du verset 26 sont remplacées par la seule expression ‘à notre image’ dans le verset 27. Cette analyse comparative des versets 26 et 27 de Genèse premier suggère fortement qu’il s’agit ici d’un ‘parallélisme synonymique’, une figure de style chère aux auteurs de l’Ancien Testament où une même idée est exprimée deux fois mais de façons différentes. Cette conclusion est confirmée par Moïse lui-même lorsqu’en reprenant le récit de la création de l’homme dans Ge. 9: 6, il n’utilise que
l’expression ‘à son image’, ce qui signifie que dans la pensée de l’auteur du livre de la Genèse, les expressions ‘à l’image de Dieu’ et ‘à la ressemblance de Dieu’ sont interchangeables. Cette conclusion est également attestée par le Nouveau Testament qui
utilise seulement l’expression ‘à l’image de Dieu’ pour dire ce que Moïse avait dit dans Ge. 1: 26 (Ja. 3: 9).

Bien que certains pensent que les deux expressions ‘à notre image’ et ‘à notre ressemblance’ dans Ge. 1: 26, désignent deux réalités différentes, une étude comparative de ce verset avec le verset 27, semble plutôt attester que, contrairement à cette position, ces deux expressions sont synonymes et représentent une seule et même réalité. Maintenant qu’il a été établi, sur la base des Ecritures elles-mêmes que les deux termes ‘images’ et ‘ressemblance’ sont synonymes, l’étape suivante consistera à déterminer la nature cette image de Dieu à laquelle l’homme a été créé.


La Nature de l’Image de Dieu

Fondamentalement, il existe deux positions par rapport à la nature de l’image de Dieu à laquelle Il a créé le premier couple. Selon les uns, cette ‘image’ ne consiste pas en une forme corporelle. « Elle ne peut résider qu’en des qualités spirituelles, dans les attributs mentaux et moraux de l’homme comme quelqu’un qui est conscient de soi-même, rationnel, un agent doté d’une personnalité, capable de se déterminer lui-même et d’obéir à la loi morale » (James Orr). Les tenants de cette position citent principalement deux textes de Paul: Ép. 4: 24 et Col. 3: 10. Cette étude n’a pas pour objectif d’analyser ces deux passages bibliques et d’en tirer la conclusion qui s’impose. Cependant, il existe bien
des raisons de dire qu’il n’est pas théologiquement sain de tirer une telle conclusion à partir de ces paroles de Paul.

La deuxième position affirme que cette image de Dieu à laquelle l’homme a été créé tient aussi compte de sa dimension physique. Toutefois, il y a à l’intérieur de ce groupe, deux courants de pensée. Selon le premier courant, l’aspect physique de cette image se réfère aux moyens par lesquels l’homme est rendu capable de dominer « sur les poissons de la mer, sur les oiseaux du ciel, sur le bétail, sur toute la terre, et sur tous les reptiles qui rampent sur la terre » (Ge. 1: 26). À cet égard, la ressemblance physique correspondrait à la position ‘debout’ de l’homme et de sa capacité à parler. Toujours pour les défenseurs de ce premier courant, l’homme est composé d’un corps et d’une âme. C’est l’âme qui, véritablement, porte l’image physique de Dieu. Cette image physique de Dieu intrinsèque à l’âme se réfère « à la raison, au libre choix, à la conscience de soi et autres attributs semblables de l’homme ». Le terme ‘ressemblance’ impliquerait quant à elle, « quelque chose de plus intime et de plus intérieur, c’est-à-dire, aux capacités morales de l’homme, en particulier, en son pouvoir de parvenir à la sainteté » Ellicott’s Commentary for English Reader.

Le deuxième courant dont les Adventistes du Septième Jour sont les champions dit que cette image est à la fois physique, mentale et spirituel. L’auteur de cette étude estime que la clé pour comprendre les expressions ‘à notre image’ et ‘à notre ressemblance’ de Ge. 1: 26 pourrait se trouver dans Ge. 5: 3 où il est écrit: « Adam, âgé de cent trente ans, engendra un fils à sa ressemblance, selon son image, et il lui donna le nom de Seth. »

On retrouve les deux termes ‘ressemblance’ et ‘image’ ici et personne nosera contester qu’il s’agit dans ce cas, à n’en douter, de ressemblance aussi bien extérieure qu’intérieure. Seth portait à sa naissance, l’image extérieure et intérieure de son géniteur. Lorsqu’on considère la similitude entre les deux passages bibliques, à savoir Ge. 1: 26 et Ge. 5: 3, il parait normal d’en conclure que de même que Seth à portée l’image globale d’Adam son géniteur, de même Adam et Ève portaient l’image globale de Dieu lorsqu’ils furent créés. C’est aussi ce que déclare Ellen G. White: « Quand Adam sortit des mains de son Créateur, il lui ressemblait, physiquement, mentalement et spirituellement. » (Education, p. 17).

Il existe dans les Écritures une deuxième évidence qui atteste que l’image de Dieu à laquelle le premier couple a été créé comporte également la dimension physique. C’est l’abondance de références à la présence physique de Dieu dans le récit biblique de la création de l’homme.
La Bible rapporte la création de l’homme en ces termes: « L`Éternel Dieu forma l`homme de la poussière de la terre, il souffla dans ses narines un souffle de vie et l`homme devint un être vivant » (Ge. 2: 7). Les allusions à une présence physique de Dieu en action sont évidentes dans ce
verset de la Bible. Les verbes d’action ‘former’ et ‘souffler’ suggèrent des actions visibles nécessitant une présence visible, donc physique de la part de Dieu. Après qu’Adam et Ève avaient désobéi à Dieu, les Écritures rapportent qu’ils entendirent la voix de Dieu qui ‘marchait’ (qui se promenait, Version Darby) dans le jardin vers le soir. Ici aussi l’image de Dieu qui « marchait » ou qui « se promenait » dans le jardin est une indication fort probable d’une visite personnelle et physique. Ellen G. White déclare qu’Adam avant le péché, avait le privilège de communier ‘face à face et cœur à cœur’ avec Son Créateur (Education, p. 17). Elle écrit ailleurs que le Père de l’humanité ‘marchait et parlait avec
Dieu dans l’Éden’ (Thoughts from the Mount of Blessing, p. 27).

Il existe deux interprétations quant à ce qui concerne la nature de cette image de Dieu à laquelle Adam et Ève ont été créés. L’une soutient que cette image est spirituelle et morale, tandis que l’autre affirme qu’elle est physique aussi. A l’intérieur de cette deuxième position, il y a un courant qui, adoptant la philosophie grecque de la nature de l’homme, fait une différence entre l’image physique de Dieu appliquée au corps et l’image physique de Dieu appliquée à l’âme. Ce qui est contraire à l’enseignement de la Bible sur la nature de l’homme. Les Adventistes du Septième Jour appartiennent au deuxième courant de cette position et croient, fondamentalement sur la base des Ecritures mais également de l’Esprit de Prophétie, que l’image de Dieu à laquelle Adam et Ève ont été créés est aussi bien physique, mentale que spirituelle.
Les Ecritures déclarent que les desseins de l’Eternel subsistent éternellement (Ps. 33 : 11). Dieu a sans aucun doute, un plan en faisant l’homme à Son image. C’est l’objet de la dernière partie de notre étude. Quelle est le Dessein de Dieu en Créant l’Homme à Son Image?
En décidant de créer l’homme à Son image Dieu révèle aussi les implications de Son projet. Dans Ge. 1: 26, il est écrit: « Puis Dieu dit: Faisons l`homme à notre image, selon notre ressemblance, et qu`il domine sur les poissons de la mer, sur les oiseaux du ciel, sur le bétail, sur toute la terre, et sur tous les reptiles qui rampent sur la terre. »

Dieu a donc créé l’homme à Son image pour que celui-ci fût capable de gérer la terre et les eaux et tout ce qu’elles renferment. On est ici au cœur même de L’Économat Chrétien. Il n’est donc pas exagéré de dire que les deux départements existant dans l’Éden avant l’intrusion du péché dans la création de Dieu étaient les ministères de la famille et l’Économat Chrétien. Dieu a créés l’homme à Son image pour qu’il fût Son représentant et Son intendants sur terre. La capacité de l’homme à gérer les biens de Dieu conformément à Son plan est par conséquent un aspect de l’image de Dieu à laquelle ils ont été créés. Adam et Eve ont été créés à l’image de Dieu signifie qu’ils sont capables de gérer fidèlement les biens de Dieu. Or la première condition pour gérer fidèlement les biens de Dieu, c’est de reconnaître Dieu comme le Propriétaire de ces biens. D’où la présence de l’arbre de la connaissance du Bien et du Mal au milieu du Jardin. Cette restriction qui consiste pour Adam et Ève de ne pas toucher à cet arbre devait leur rappeler constamment qu’ils étaient les intendants du jardin et non les propriétaires. Dieu est le Propriétaire du jardin et de tout ce qui s’y trouve parce qu’Il en est le Créateur, et ces deux attributs de Dieu sont inséparablement liés. En respectant les règles de gestion fixées par le Propriétaire du jardin, Adam et Ève reconnaissaient par là même Dieu
comme leur Créateur. Il existe, par conséquent, une relation profonde entre l’Économat Chrétien et la véritable adoration. La base biblique de l’Économat Chrétien, c’est le titre de Créateur de Dieu. En effet, c’est parce que Dieu est le Créateur qu’il est aussi le Propriétaire de la terre et de tout ce qu’elle renferme (Ps. 24: 1). De même la base biblique de l’Adoration Chrétienne, c’est le même titre de Créateur de Dieu (Ap. 4: 11;
14: 7). Le titre de Créateur de Dieu est don le fil d’or qui relie l’Économat Chrétien à l’Adoration de Chrétienne. Le concept de l’adoration découle logiquement de celui de la Gestion Chrétienne de la Vie, appelée aussi Économat Chrétien. Le bon gestionnaire de Dieu est nécessairement un vrai adorateur de Dieu et vice et versa. Adam et Ève ne pouvaient pas adorer Dieu d’une manière qui Lui fût acceptable s’ils n’étaient pas capables gérer les biens confiés à leur soin conformément aux règles de gestion fixées par le Propriétaire de ces biens. La raison en est que la qualité de leur gestion des biens dont Dieu a fait d’eux des intendants, détermine aussi la qualité de leur adoration. Ainsi donc
l’appel du premier ange à adorer le Dieu qui a créé le ciel, et la terre, et la mer, et les sources d’eaux (Ap. 14: 7), est aussi un appel à gérer convenablement tous les biens que Dieu a gracieusement confiés à tous. En choisissant de ne pas gérer le Jardin et tout ce qu’il renferme conformément aux règles de gestion établies par le Propriétaire du Jardin, Adam et Ève signèrent leur disqualification en tant que gestionnaire des biens de Dieu et en conséquence, furent expulsés du Jardin (Ge. 3: 23 – 24). Le plan du Salut conçu avant les temps éternels, (2 Tim 1: 9), vise aussi à restaurer cette image de Dieu en tous ceux qui acceptent de coopérer avec Lui (2 Co. 3:18; 1 Jn. 3: 2). Il est à noter que dans cette œuvre de réhabilitation de l’image de Dieu en l’homme, la qualité de l’Économat de chacun en est l’indicateur de performance. Cette leçon a été enseignée par Jésus dans une de Ses paraboles rapportée par Luc au chapitre seizième de l’Evangile qui porte son nom, généralement appelée « la Parabole de l’Économe Infidèle ». Le début de la parabole indique qu’elle a été adressée aux disciples (16 : 1), c’est-à-dire à ceux qui aspirent au royaume des cieux. Beaucoup trouvent cette parabole très difficile à expliquer à cause de la louange adressée à l’économe sans scrupule par son maitre. Ceci est dû au fait qu’ils attribuent cette louange à Jesus, en oubliant que cette partie gênante de la parabole fait tout simplement partie intégrante cette dernière et ne constitue pas une appréciation du Sauveur sur l’attitude diaboliquement ingénieuse de cet économe peu recommandable. Ellen G, White fait observer que «l’homme mondain loue la prompte et pénétrante intelligence de l’homme qui l’a volé. Mais la louange de l’homme riche n’est pas la louange de Dieu.» (Christ’s Objects Lesson, p. 367). La pointe de cette parabole, c’est-à-dire la seule leçon qu’elle enseigne se trouve dans les versets 9 à 13. Le Seigneur rappelle à tous les Siens qu’il y a un lien très étroit entre leur gestion des biens matériels qui leur sont confiés par Dieu [ce qui est à autrui (Luc 16 : 12), voir Ps. 24 : 1 ; Dt. 8 : 17 – 18] et la vie éternelle à laquelle ils aspirent [ce qui est à vous (Luc 16 : 12), voir Ro. 8 : 17 ; Mat. 25 : 34]. Dieu a créé l’homme à Son image, afin qu’il fût doté de capacités physiques, mentales et spirituelles le rendant apte à gérer son environnement global. Une gestion
conforme aux principes établis par Dieu-Lui-même de part de l’homme, le rend aussi apte à adorer son Créateur en esprit et en vérité (Jn. 4: 23).

En conclusion, cette étude a permis d’établir, à partir d’une étude comparative des versets 26 et 27 de Genèse premier et sur la base du témoignage d’autres passages de la Bible, que les deux expressions, à savoir « l’image de Dieu » et « la ressemblance de Dieu » dans Ge. 1: 26 et 27 sont synonymes et disent la même chose. Elle a aussi établi, à partir du texte biblique similaire de Ge. 5 : 3, de certaines activités de nature physique de Dieu telles que rapportées dans le récit de la création et également sur la base du témoignage de l’Esprit de Prophétie que cette image est à la fois physique, mentale et spirituelle. Enfin et surtout, il a été observé que malgré l’entrée du péché dans la création de Dieu, la
Bible atteste que l’image de Dieu à laquelle Dieu a créé l’homme existe toujours, même si ce n’est plus exactement dans la même proportion. En effet, même après le péché, les Écritures expliquent que le fondement de la sacralité de la vie humaine et de la dignité de l’homme et de la femme réside dans le fait que tous les deux ont été créés à l’image de Dieu (Ge. 9 : 6 ; Ja. :3 : 9). Si donc après l’entrée du péché dans le monde, les Écritures considèrent toujours l’homme et la femme comme des êtres créés à l’image de Dieu, c’est donc dire qu’aujourd’hui comme au commencement, l’Économat reste le test de fidélité de l’homme à Dieu. D’où ces paroles de portée éternelle du Sauveur: “Si donc vous n`avez
pas été fidèle dans les richesses injustes, qui vous confiera les véritables? Et si vous n`avez pas été fidèles dans ce qui est à autrui, qui vous donnera ce qui est à vous? » (Luc 16 : 12).

Préparé par

Pasteur Semenu K. Amegan

Fédération du Togo des Adventistes du Septième jour

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