Par Ellen G. White
Ce chapitre est basé sur Genèse 6 :7 ; 8 ; 9 :8-17.
Les descendants de Seth furent appelés les fils de Dieu, et les descendants de Caïn furent appelés les fils des hommes. Quand les fils de Dieu se mêlèrent aux filles des hommes, ils se corrompirent, et l’influence des femmes qu’ils choisirent pour épouses parmi eux leur fit perdre leur caractère saint et particulier, au point qu’ils se joignirent aux fils de Caïn pour se livrer à l’idolâtrie. Nombreux furent ceux qui abandonnèrent la crainte de l’Eternel et qui foulèrent aux pieds ses commandements. Cependant, une minorité d’entre eux pratiquèrent la justice, craignirent Dieu et le glorifièrent. Noé et sa famille étaient de ce nombre.
La perversité du genre humain était si profonde et si répandue que le Seigneur se repentit d’avoir créé l’homme sur la terre : “L’Eternel vit que la méchanceté des hommes était grande sur la terre, et que toutes les pensées de leur cœur se portaient chaque jour uniquement vers le mal” Genèse 6 :5, Segond.
Plus d’un siècle avant le déluge, Dieu envoya un ange auprès de Noé, le juste, pour lui faire savoir qu’il n’accorderait plus sa miséricorde à cette race corrompue. Le Seigneur ne voulait pas que les humains ignorent quel était son plan. Il donnerait ses instructions à Noé et ferait de lui un porte parole fidèle dont la mission serait d’avertir le monde de son imminente destruction, afin que les habitants de la terre soient sans excuse. Noé devait donc s’adresser au peuple, et par ailleurs, construire, selon les directives divines, une arche dans laquelle lui-même et sa famille trouveraient refuge. Il ne devait pas se contenter de prêcher : le fait qu’il était occupé à construire l’arche était destiné à convaincre les humains qu’il croyait ce qu’il prêchait.
Noé et sa famille n’étaient pas les seuls qui craignaient Dieu et obéissaient à sa parole. Mais Noé était l’homme le plus saint et le plus pieux de toute la terre. L’Eternel lui avait préservé la vie afin qu’il exécute sa volonté en construisant l’arche et qu’il avertisse le monde du destin qui l’attendait. Matusalem, grand-père de Noé, vécut jusqu’à la dernière année qui précéda le déluge. D’autres personnes, qui acceptèrent le message de Noé et l’aidèrent à la construction de l’arche, moururent avant que les eaux du déluge ne recouvrent la terre. Par sa prédication et par l’exemple qu’il donna en construisant l’arche, Noé condamna le monde.
Dieu donna à tous les humains l’occasion de se repentir et de revenir à lui. Mais ils ne crurent pas au message de Noé. Ils se moquèrent de ses avertissements et tournèrent en ridicule la construction de cet énorme navire sur la terre sèche. Les efforts de cet homme de Dieu pour que ses contemporains changent de conduite aboutirent à un échec. Mais durant plus d’un siècle, il ne cessa de les exhorter à se repentir et à revenir à l’Eternel. Chaque coup de marteau qui retentissait sur le bois de l’arche était un appel adressé au peuple. Noé dirigeait les travaux, prêchait, travaillait, tandis que les gens regardaient avec étonnement et le considéraient comme un fanatique.
La construction de l’arche
Dieu indiqua à Noé les dimensions exactes de l’arche et lui donna des directives précises touchant sa construction jusque dans les moindres détails. Comparable à un navire quant à sa carène, de manière à pouvoir flotter sur l’eau, il ressemblait à d’autres égards à une maison d’habitation. Les côtés de l’arche ne comportaient pas de fenêtres. Elle avait trois étages et la lumière y pénétrait par une fenêtre située à son sommet. La porte d’accès était sur l’un des côtés. Les compartiments du vaisseau destinés à abriter différents animaux étaient disposés de manière à être tous éclairés par la fenêtre du haut. Le matériau employé pour sa construction était le cyprès ou bois de gopher, capable de résister à l’usure du temps pendant des siècles. La sagesse humaine eût été incapable de concevoir un bâtiment d’une telle solidité. Dieu en fut l’architecte et Noé le maître d’œuvre.
Bien que Noé eût fait de son mieux pour exécuter le travail dans tous ses détails, il était inconcevable que l’arche puisse affronter le déchaînement de la colère de Dieu qui allait frapper la terre. La construction de l’arche fut un travail de longue haleine ; chaque pièce de bois fut soigneusement ajustée et tous les joints furent enduits de poix. Tout ce que les hommes avaient pu faire pour que l’œuvre réalisée soit parfaite avait été accompli. Mais seul—par sa puissance miraculeuse—le Très-Haut pouvait préserver le vaisseau des éléments en furie.
Au début, nombreux furent ceux qui semblèrent prêter l’oreille aux avertissements de Noé, mais ils ne revinrent pas totalement à Dieu et ne se repentirent pas sincèrement. Le temps qui s’écoula avant le déluge mit leur foi à l’épreuve ; mais celle-ci ne résista pas à l’épreuve. Finalement, ils se laissèrent entraîner par la corruption générale et se joignirent aux êtres pervertis qui tournaient en dérision le saint homme Noé. Ils n’étaient pas décidés à abandonner leurs péchés, et continuèrent à pratiquer la polygamie et à se complaire dans leurs passions dégradantes.
Les jours de grâce étaient sur le point d’arriver à leur terme. Mais auparavant, les incrédules et les moqueurs devaient être témoins d’une manifestation particulière de la puissance divine. Noé s’étant strictement conformé aux instructions du Seigneur, la construction de l’arche fut terminée en plein accord avec ses directives et chargée d’une énorme provision de nourriture pour les hommes et les animaux. Après quoi, l’Eternel donna cet ordre au patriarche : “Entre dans l’arche, toi et toute ta famille, car j’ai constaté que tu es le seul parmi tes contemporains à m’être fidèle” Genèse 7 :1.
Les animaux entrent dans l’arche
Des anges furent envoyés dans les forêts et dans les champs pour rassembler les animaux que Dieu avait créés. On vit donc défiler, sous la conduite des anges, une foule d’animaux avançant deux par deux—mâles et femelles—ou par groupes de sept pour les animaux purs. Tous—depuis les plus féroces jusqu’aux plus inoffensifs—entrèrent paisiblement dans l’arche. Rempli d’oiseaux de toute espèce, le ciel s’obscurcit. Ces volatiles pénétrèrent dans l’arche, deux par deux, par couples, les oiseaux purs par groupes de sept. Les humains assistèrent à ce spectacle avec admiration, d’autres avec crainte ; mais la rébellion les avait tellement endurcis que cette éclatante manifestation de la puissance divine ne produisit sur eux qu’une impression passagère. Sept jours durant, ces animaux continuèrent à entrer dans l’arche, où Noé les répartit dans les places qui leur avaient été réservées.
Pendant ce temps, l’humanité condamnée regarde avec admiration le soleil resplendissant de tous ses feux et la terre revêtue de sa beauté quasi-édénique. Alors, comme pour braver la colère divine, hommes et femmes cherchent à dissiper leurs craintes en se livrant à leurs divertissements tapageurs et à leurs actions de violence.
Tout était prêt pour que l’arche soit fermée, ce que Noé n’aurait pu faire de l’intérieur du vaisseau. La multitude des moqueurs aperçut bientôt un ange qui descendait du ciel, entouré d’une lumière aussi éblouissante que l’éclair. Après avoir fermé la lourde porte, l’ange reprit le chemin du ciel.
Sept jours durant, Noé et sa famille restèrent dans l’arche avant que la pluie ne commence à tomber. Ils en profitèrent pour préparer leur long séjour tandis que les eaux couvriraient la terre. Pendant ce temps, la multitude des incrédules se livraient avec joie à des blasphèmes. La prédiction de Noé ne s’étant pas réalisée aussitôt après son entrée dans l’arche, ils pensaient que celui-ci s’était trompé et que, de toute façon, il était impossible que le monde fût détruit par un déluge. D’ailleurs, il n’avait jamais plu jusque-là sur la terre ; une vapeur s’élevait au-dessus des eaux, que Dieu faisait redescendre pendant la nuit sous forme de rosée, qui redonnait vie à la végétation et la faisait croître.
Malgré l’intervention extraordinaire de la puissance divine—le défilé spectaculaire des animaux venus des forêts et des champs et pénétrant dans l’arche, et l’ange de Dieu revêtu de lumière et rayonnant d’une majesté redoutable venu du ciel pour en fermer la porte—les humains endurcirent leur cœur et continuèrent de plus belle à se divertir au mépris des manifestations de la Providence.
La tempête se déchaîne
Cependant, au huitième jour, le ciel s’obscurcit. Le tonnerre gronda et des éclairs sillonnèrent le ciel, terrifiant les hommes et les animaux. Les nuages commencèrent à répandre la pluie sur la terre. A ce spectacle sans précédent, ils ne tardèrent pas à être saisis de crainte. En proie à une folle terreur, les bêtes erraient en tous sens et, par leurs cris discordants, paraissaient gémir sur le sort qui les attendait, eux et les hommes. L’orage devint d’une violence telle que la pluie tombait du ciel comme de véritables cataractes. Les rivières débordèrent au point d’inonder les vallées. “Les sources du grand abîme jaillirent” Genèse 7 :11, Segond. Des trombes d’eau sortant du sein de la terre avec une force indescriptible projetèrent à cent et deux cents mètres de hauteur d’énormes rochers qui, en retombant, s’enfoncèrent dans le sol.
Les hommes constatèrent tout d’abord la destruction de l’ouvrage de leurs mains. Leurs somptueuses demeures, les jardins et les bosquets magnifiquement plantés, où ils avaient érigé leurs idoles, furent anéantis par la foudre qui en dispersa les débris. Ils avaient élevé des autels dans leurs parcs de verdure et les avaient consacrés à leurs idoles sur lesquels ils avaient offert des sacrifices humains. Ces autels que le Seigneur réprouvait furent renversés par sa colère sous leurs yeux, et ces adorateurs se mirent à trembler devant le pouvoir du Dieu vivant, qui a fait les cieux et la terre. Ils comprirent que c’étaient leurs abominations et leurs odieux sacrifices qui avaient causé leur destruction.
La violence de l’orage grandit, et le bruit des éléments en furie s’unit aux lamentations des humains qui avaient méprisé l’autorité du Très-Haut. Arbres, constructions, rochers et bancs de terre étaient projetés dans toutes les directions. La frayeur des hommes et des bêtes était indescriptible. Satan lui-même, qui n’avait pu échapper aux éléments déchaînés, tremblait pour sa vie. Après s’être réjoui de pouvoir tenir sous sa coupe une race aussi puissante, et désiré voir les hommes se livrer à leurs abominations et se révolter toujours plus contre le Dieu du ciel, il se répandit en imprécations contre lui, l’accusant d’injustice et de cruauté. Parmi le peuple, nombreux furent ceux qui, comme Satan, blasphémèrent le Très-Haut, et, s’ils avaient pu faire aboutir leur révolte, l’auraient volontiers chassé de son trône d’équité.
Tandis que les uns maudissaient et blasphémaient leur Créateur, d’autres, fous de peur, tendaient les mains vers l’arche, en suppliant qu’on leur permette d’y entrer. Mais c’était impossible. Dieu en avait fermé la porte, qui était la seule voie d’accès. Noé était à l’intérieur de l’arche ; les impies étaient dehors, et le Seigneur seul pouvait ouvrir la porte. Leur angoisse et leur repentir se manifestaient trop tard. Ils étaient contraints de reconnaître l’existence d’un Dieu vivant et plus puissant que l’homme, d’un Dieu qu’ils avaient méprisé et blasphémé. Ils faisaient monter vers lui leurs supplications, mais ses oreilles étaient fermées à leurs cris. Dans leur désespoir, certains essayèrent de pénétrer de force dans l’arche, mais la solidité du vaisseau résistait à tous leurs efforts. D’autres se cramponnèrent à la coque jusqu’à ce qu’ils soient emportés par les flots en furie ou sous le choc des rochers et des arbres projetés en tous sens.
Ceux qui avaient pris à la légère le message de Noé et qui s’étaient moqué de ce prédicateur de la justice regrettèrent trop tard leur incrédulité. L’arche était secouée et ballottée par les vagues. A l’intérieur, les animaux manifestaient leur grande frayeur par toutes sortes de cris. Cependant, le vaisseau n’en continuait pas moins sa route au milieu des éléments déchaînés, de la force des vagues et en dépit des arbres et des rochers bousculés par les eaux. Des anges puissants avaient mission de guider l’arche et de la protéger. Pendant les quarante jours et les quarante nuits que dura cette violente tempête, le vaisseau fut constamment préservé par un miracle de la toute-puissance.
Menacés par la tempête, les animaux accouraient auprès des humains, comme pour chercher refuge auprès d’eux. Plusieurs, parmi le peuple, s’attachèrent, eux et leurs enfants, sur certains animaux particulièrement robustes, dotés d’un grand instinct de conservation, dans l’espoir qu’ils atteindraient certains points élevés du globe, et qu’ils échapperaient ainsi à la montée des eaux. Mais, loin de se calmer, la tempête continua de plus belle et les eaux montèrent plus vite que jamais. D’autres escaladèrent les hauteurs, croyant trouver refuge au sommet des arbres de haute taille. Mais ces arbres furent déracinés et projetés, avec des pierres et de la terre, au milieu des vagues écumantes. Sur des points particulièrement élevés, hommes et bêtes se disputaient une parcelle de terre ferme jusqu’à ce qu’ils soient emportés par les vagues déferlantes, qui atteignaient presque les plus hautes cimes. Finalement, ces cimes elles-mêmes furent atteintes par les eaux du déluge qui engloutirent les hommes et les bêtes.
Noé et sa famille étaient impatients de voir la décrue des eaux. Ils désiraient vivement se retrouver sur la terre ferme. Noé lâcha un corbeau qui se contenta de voler autour de l’arche. N’ayant pas obtenu l’information souhaitée, le patriarche lâcha une colombe qui, n’ayant pas trouvé de quoi se poser, revint à son point de départ. Sept jours plus tard, la colombe fut lâchée de nouveau, et quand elle revint, portant dans son bec une feuille d’olivier, les huit passagers qui étaient restés si longtemps dans l’arche se réjouirent.
Puis un ange descendit du ciel et ouvrit la porte du vaisseau. Noé pouvait ouvrir la fenêtre qui se trouvait sur le toit, mais il ne pouvait pas ouvrir la porte, que Dieu avait fermée. L’Eternel s’adressa à Noé par l’intermédiaire de l’ange qui avait ouvert la porte, et l’invita, lui et sa famille, à quitter l’arche, et à faire sortir avec eux tous les animaux qui s’y trouvaient.
Le sacrifice de Noé et la promesse de Dieu
Noé n’oublia pas le Très-Haut qui, dans sa bonté, les avait protégés. Désireux de lui témoigner sa gratitude pour sa merveilleuse sollicitude, il bâtit l’autel sur lequel il offrit en holocauste toute espèce d’animaux et d’oiseaux purs, montrant ainsi sa foi dans le grand sacrifice du Christ. L’offrande de Noé fut en agréable odeur à l’Eternel qui agréa cet holocauste et le bénit, lui et les siens. Le patriarche donna ainsi une leçon destinée à toutes les générations futures : chaque manifestation de la miséricorde et de l’amour de Dieu à l’égard des humains devrait les inciter avant tout à lui rendre grâces et à l’adorer dans l’humilité.
Afin que les humains ne soient pas terrorisés à la vue de l’amoncellement des nuages et de la pluie, et qu’ils ne redoutent pas un autre déluge, le Seigneur fit à la famille de Noé cette promesse encourageante : “Voici à quoi je m’engage : Jamais plus la grande inondation ne supprimera la vie sur terre. Et Dieu ajouta : “Voici le signe que je m’y engage envers vous et envers tout être vivant, aussi longtemps qu’il y aura des hommes : Je place mon arc dans les nuages ; il sera le signe qui rappellera l’engagement que j’ai pris à l’égard de la terre. Chaque fois que j’accumulerai des nuages au-dessus de la terre et que l’arc-en-ciel apparaîtra, je penserai à l’engagement que j’ai pris envers vous et envers toutes les espèces d’animaux : il n’y aura jamais plus de grande inondation pour anéantir la vie. Je ferai paraître l’arc-en-ciel, et je penserai à l’engagement éternel que j’ai pris à l’égard de toutes les espèces vivantes de la terre”” Genèse 9 :11-16.
Quelle sollicitude de la part de Dieu ! Quelle compassion envers l’homme pécheur d’avoir ainsi prévu de faire apparaître au milieu des nuages ce magnifique arc-en-ciel multicolore, signe de son alliance avec les humains ! Cet arc-en-ciel devait aussi rappeler aux générations successives que l’Eternel détruisit les habitants de la terre par un déluge, à cause de leur grande perversité. Il entrait dans ses desseins que lorsque les enfants des générations à venir interrogeraient leurs parents sur la signification de ce glorieux arc-en-ciel, ceux-ci puissent leur dire que l’ancien monde fut exterminé par un déluge parce que les hommes se livrèrent à toute sorte de méchanceté, et que le Tout-Puissant a placé cet arc dans les cieux pour rappeler que la terre entière ne serait jamais plus envahie par les eaux.
Ce signe dans le ciel est destiné à affermir la foi de tous et à fortifier leur confiance en Dieu. C’est une marque de sa miséricorde et de sa bonté envers ses créatures. Si le Seigneur a été amené à détruire l’humanité par le déluge, sa sollicitude n’en continue pas moins à englober la terre. Selon sa parole, lorsqu’il voit l’arc dans la nue, il se souvient de l’homme. Cela ne signifie pas qu’il risquerait sans cela d’oublier ses promesses, mais il utilise notre propre langage pour que nous puissions mieux le comprendre.
Source: Histoire de la Rédemption de Ellen G. White