
Par Ellen G. White
Ce chapitre est basé sur Genèse 12 :1-5 ; 13 ; 15 ; 16 ; 17 ; 21 ; 22 :1-19.
LE Seigneur choisit Abraham pour qu’il accomplisse sa volonté. Il lui ordonna de quitter le pays idolâtre qu’il habitait et de se séparer de sa famille. Il s’était révélé à Abraham dans sa jeunesse et l’avait instruit de manière à le préserver de l’idolâtrie. Le Très-Haut désirait faire de lui un modèle de foi et de piété pour son peuple qui devait vivre ici-bas. Cet homme était intégre, généreux et hospitalier. Comme un prince puissant au milieu de ses sujets, il inspirait le respect. Sa révérence et son amour envers Dieu, ainsi que sa fidèle obéissance à sa volonté lui attiraient l’estime de ses serviteurs et de ses voisins. L’exemple de piété et de droiture et les instructions qu’il donnait à ses gens de maison et à toute sa famille les incitaient à craindre le Dieu d’Abraham, à l’aimer et à le respecter.
Le Seigneur apparut à Abraham et lui promit que sa postérité serait aussi nombreuse que les étoiles du ciel. Il lui fit aussi savoir, au moyen d’une profonde et terrible obscurité dans laquelle il fut plongé, quel long et pénible esclavage ses descendants souffriraient en Egypte.
Aux origines, Dieu donna à Adam une seule femme, lui montrant ainsi quel était son plan. Il n’entrait nullement dans ses desseins que l’homme ait plusieurs femmes. Lémek fut le premier à s’écarter de cette disposition divine empreinte de sagesse. Cet homme eut deux femmes, ce qui fut une cause de discorde dans sa famille. L’envie et la jalousie de ces deux épouses le rendit vraiment malheureux. Quand les humains commencèrent à se multiplier sur la face de la terre et que des filles virent le jour, ils en prirent pour femmes parmi toutes celles qu’ils choisirent. Tel fut l’un des grands péchés des antédiluviens qui attirèrent sur eux la colère divine. Cette coutume se perpétua après le déluge et devint si courante que même des hommes justes l’adoptèrent : ils eurent, eux aussi, plusieurs femmes. Mais ce n’en était pas moins un péché, car ces hommes se corrompirent et s’écartèrent en cela du plan de Dieu. Le Seigneur dit à Noé et à sa famille qui trouvèrent refuge dans l’arche : “J’ai constaté que tu es le seul parmi tes contemporains à m’être fidèle” Genèse 7 :1. Noé n’avait qu’une seule épouse, et la discipline de leur unité familiale était bénie par Dieu. C’est parce que les fils de Noé étaient justes qu’ils furent admis dans l’arche au même titre que leur père. L’Eternel n’a jamais approuvé la polygamie. Elle est contraire à sa volonté, et il savait qu’une telle pratique détruirait le bonheur de l’homme.
La paix d’Abraham fut grandement troublée à cause de son union avec Agar.
Incrédulié à l’égard des promesses divines
Après qu’Abraham se fut séparé de Lot, le Seigneur lui dit : “Porte ton regard depuis le lieu où tu es, vers le nord et vers le sud, vers l’est et vers l’ouest. Tout le pays que tu vois, je le donnerai à toi et à tes descendants pour toujours. Je rendrai tes descendants si nombreux que personne ne pourra les compter, pas plus qu’on ne peut compter les grains de poussière sur le sol. Le Seigneur apparut à Abram et lui dit : N’aie pas peur, Abram ! Je suis ton protecteur et je te donnerai une grande récompense. Abram répondit : Seigneur mon Dieu, à quoi bon me donner quelque chose ? Je suis sans enfant, tu ne m’as pas accordé de descendant. Mon héritier, celui qui recevra mes biens, c’est Eliézer de Damas, un de mes domestiques” Genèse 13 :14-16 ; 15 :1-3.
Puisque Abraham n’avait pas de fils, il avait tout d’abord pensé qu’Eliézer, son fidèle serviteur, deviendrait son fils adoptif et son héritier. Le Seigneur fit alors savoir à Abraham que ce serviteur ne serait pas son fils ni son héritier, mais qu’il aurait un fils de sa propre chair. “Puis il (le Seigneur) fit sortir Abram de sa tente et lui dit : Regarde le ciel et compte les étoiles si tu le peux. Et il ajouta : Comme elles, tes descendants seront innombrables.” Genèse 15 :5.
Si Abraham et Sara avaient attendu avec confiance que la promesse d’avoir un fils se réalise, ils se seraient évité bien des soucis. Ils croyaient que la promesse divine était certaine, mais ils ne pouvaient pas croire que Sara, vu son âge, puisse avoir un fils. Sara suggéra alors à son mari de recourir à un moyen qui, selon elle, permettrait à la promesse de Dieu de se réaliser, et elle supplia Abraham de prendre Agar comme épouse. En cela, ils manquèrent l’un et l’autre de totale confiance en la puissance de Dieu. Du fait qu’il écouta Sara et qu’il prit Agar comme épouse, Abraham échoua dans l’épreuve de foi en la puissance illimitée du Seigneur à laquelle il avait été soumis, et il en résulta pour lui et pour Sara bien des souffrances morales. Dieu voulait éprouver la confiance du patriarche dans les promesses qui lui avaient été faites.
L’arrogance d’Agar
Agar devint hautaine, présomptueuse, et traita sa maîtresse avec mépris. Elle était fière à l’idée de devenir la mère du peuple nombreux que Dieu avait promis à Abraham. Celui-ci dut écouter les plaintes de Sara au sujet du comportement d’Agar, et il se vit reprocher d’avoir mal agi. Attristé, Abraham dit à Sara qu’Agar étant sa servante, elle était en son pouvoir, mais que pour sa part, il refusait de la renvoyer, car elle devait donner le jour à son enfant, celui par qui la promesse devait s’accomplir. Et il ajouta qu’il n’aurait pas pris Agar pour épouse si Sara elle-même ne le lui avait pas instamment demandé.
Abraham dut à nouveau écouter les récriminations de Sara à propos de l’attitude de dénigrement de sa servante, ce qui le plongea dans la perplexité. S’il essayait de corriger les fautes d’Agar, il ne ferait qu’augmenter la jalousie et le mécontentement de Sara, sa première épouse, qu’il aimait profondément. De son coté, Agar décida de s’enfuir loin de sa maîtresse. Mais un ange de l’Eternel lui apparut d’abord pour la réconforter, ensuite pour lui reprocher son arrogance et pour l’engager à retourner auprès de sa maîtresse et à se soumettre à elle.
Après la naissance d’Ismaël, le Seigneur se révéla de nouveau à Abraham, et lui dit : “Je maintiendrai mon alliance avec toi, puis, après toi, avec tes descendants, de génération en génération, pour toujours” Genèse 17 :7. Ainsi, l’Eternel réitéra, par l’intermédiaire de son ange, la promesse selon laquelle Sara aurait un fils, et qu’elle deviendrait la mère de beaucoup de nations verset 6. Mais Abraham ne comprenait pas encore le sens de cette promesse divine. Pour l’heure, sa pensée était fixée sur Ismaël, comme si, de ce dernier, naîtraient les nombreuses nations promises. Le patriarche s’écria, dans un élan d’affection pour ce fils : “Pourvu qu’Ismaël vive et que tu t’intéresses à lui, je n’en demande pas plus” Genèse 17 :18.
Cependant, la promesse fut rappelée de manière formelle à Abraham : “Certainement Sara, ta femme, t’enfantera un fils ; et tu l’appelleras du nom d’Isaac. J’établirai mon alliance avec lui comme une alliance perpétuelle” Genèse 17 :19, Segond. Des anges furent envoyés une deuxième fois auprès d’Abraham, tandis qu’ils se rendaient à Sodome pour détruire cette ville, et ils rappelèrent de façon plus précise encore la promesse selon laquelle Sara aurait un fils.
Le fils promis
La naissance d’Isaac, qui remplit de joie Abraham et Sara, rendit Agar profondément jalouse. Ismaël avait appris par sa mère qu’il serait particulièrement béni de Dieu, en tant que fils d’Abraham, et qu’il deviendrait l’héritier promis. Ismaël partagea les sentiments de sa mère et fut irrité de voir la joie manifestée lors de la naissance d’Isaac. Il le méprisa, car il crut qu’on lui préférait Isaac. En voyant les sentiments qu’Ismaël manifestait à l’égard de son fils Isaac, Sara fut douloureusement affectée. Elle fit part à Abraham de l’attitude méprisante d’Ismaël à son égard et à l’égard d’Isaac, et lui dit : “Chasse cette esclave et son fils. Celui-ci ne doit pas hériter avec mon fils Isaac” Genèse 21 :10.
Le patriarche fut profondément affligé par cette demande. Après tout, Ismaël était son fils ; il l’aimait. Comment pourrait-il s’en séparer ? Totalement désemparé, il implora l’aide de Dieu. Et le Seigneur lui dit, par l’intermédiaire de ses anges, d’accéder à la demande de Sara, sa femme, et de ne pas permettre que ses sentiments pour son fils ou pour Agar l’en empêchent. C’était du reste le seul moyen de rétablir l’harmonie et le bonheur dans sa famille. L’ange ajoutait une promesse réconfortante : bien que séparé de la maison de son père, Ismaël ne mourrait pas et ne serait pas abandonné de Dieu ; il serait protégé parce qu’il était fils d’Abraham, et il deviendrait le père d’une grande nation.
Abraham fit preuve de grandeur d’âme et de bienveillance lorsqu’il intercéda avec ardeur en faveur des habitants de Sodome. Son caractère fort souffrit beaucoup. Il fut accablé de tristesse et ses sentiments de père furent profondément affectés lorsqu’il dut renvoyer Agar et son fils Ismaël désormais condamnés à errer comme des étrangers en terre inconnue.
Si Dieu avait approuvé la polygamie, il n’aurait pas dit à Abraham de renvoyer Agar et son fils. Le Seigneur nous enseigne par là une leçon, à savoir que les droits et le bonheur conjugaux doivent toujours être respectés et sauvegardés, fût-ce au prix d’un grand sacrifice. Sara étant la première—et donc la seule femme légitime—d’Abraham, elle possédait des droits exclusifs d’épouse et de mère au sein de sa famille. Elle respectait son mari, l’appelait son seigneur, mais se refusait à partager ses affections avec Agar. Dieu ne la blâma pas de son comportement. En revanche, les anges reprochèrent à Abraham d’avoir douté de la puissance de Dieu, d’avoir pris Agar pour femme et d’avoir espéré que par elle la promesse divine s’accomplirait.
L’épreuve suprême de la foi
Puis le Seigneur jugea bon de tester la foi d’Abraham en le soumettant à une redoutable épreuve. S’il avait passé avec succès le premier test, en attendant patiemment que la promesse soit accomplie en faveur de Sara, et s’il n’était pas allé auprès d’Agar, il n’aurait pas été nécessaire qu’il soit soumis à l’épreuve la plus sévère qui ait jamais été imposée à l’homme. Dieu dit à Abraham : “Prends ton fils Isaac, ton fils unique que tu aimes tant, va dans le pays de Moria, sur une montagne que je t’indiquerai, et là offre-le moi en sacrifice” Genèse 22 :2.
Abraham ne douta pas et n’hésita pas ; de bon matin, il prit deux de ses serviteurs et Isaac, son fils, se munit de bois pour l’holocauste, et se dirigea vers l’endroit que le Seigneur lui avait indiqué. Sachant que l’affection de Sara pour son fils la conduirait à douter de Dieu et à retenir Isaac, Abraham ne révéla pas à son épouse le véritable motif de son voyage. De son côté, le patriarche ne permit pas à ses sentiments paternels de le dominer et de le conduire à se révolter contre Dieu. Pourtant, l’ordre divin fut formulé en des termes qui étaient de nature à le troubler au plus profond de son âme. “Prends ton fils”. Puis, comme pour sensibiliser son cœur un peu plus, le Seigneur ajouta : “Ton fils unique que tu aimes tant, Isaac” ; autrement dit, le seul fils de la promesse, “et offre-le moi en sacrifice”.
Trois jours durant, ce père marcha avec son fils ; il eut donc suffisamment de temps pour réfléchir et pour douter finalement de Dieu s’il y avait été enclin. Mais la foi du patriarche ne faiblit pas. Il ne lui vint pas à l’esprit que la promesse pourrait être accomplie par Ismaël, car l’Eternel lui avait dit clairement qu’elle le serait par Isaac.
Abraham croyait qu’Isaac était le fils de la promesse. Par ailleurs, il savait que Dieu avait été très explicite lorsqu’il lui avait dit de l’offrir en holocauste. Il ne douta pas de la promesse divine, mais il crut que le Seigneur qui, dans sa providence, avait donné un fils à Sara dans sa vieillesse, et qui lui demandait maintenant de sacrifier la vie de ce fils, pouvait redonner vie à Isaac et le ramener d’entre les morts.
Abraham laissa les serviteurs au bord du chemin, car il se proposait de s’éloigner à quelque distance pour adorer avec son fils. Il ne voulait pas que ces serviteurs les accompagnent de peur que, par affection pour Isaac, ils ne s’opposent à ce que l’Eternel avait ordonné de faire. Il prit donc le bois de leurs mains, et le chargea sur les épaules de son fils. Il prit aussi le feu et le couteau. Le saint homme s’apprêtait donc à accomplir la terrible mission que Dieu lui avait confiée. Père et fils marchèrent tous deux ensemble.
“Isaac s’adressa à son père, Abraham. Celui-ci répondit : Oui, je t’écoute, mon fils. Nous avons le feu et le bois, dit Isaac, mais où est l’agneau pour le sacrifice ? Abraham répondit : Mon fils, Dieu veillera lui-même à procurer l’agneau. Ils continuèrent d’avancer ensemble” Genèse 22 :7, 8.
A la fois décidé, grave, aimant et affligé, le père avançait aux côtés de son fils. Lorsqu’ils arrivèrent à l’endroit que Dieu avait indiqué, Abraham construisit un autel, et y disposa le bois pour le sacrifice. Alors, il fit part à Isaac de l’ordre que l’Eternel lui avait donné : l’offrir en holocauste. Il lui rappela la promesse que le Seigneur lui avait faite à plusieurs reprises, à savoir qu’Isaac deviendrait une grande nation, et que si le patriarche obéissait à l’ordre divin de sacrifier son fils, le Très-Haut accomplirait sa promesse, car il avait le pouvoir de le ressusciter des morts.
Le message de l’ange
Isaac crut en Dieu. Dès son enfance, il avait appris à obéir aveuglément à son père ; de plus, il aimait et révérait le Dieu de son père. En la circonstance, il aurait pu, s’il l’avait voulu, s’opposer à la volonté d’Abraham. Mais après l’avoir embrassé affectueusement, le jeune homme accepta d’être attaché sur le bois. “Il (Abraham) saisit alors le couteau pour égorger son fils, mais l’ange du Seigneur l’appela du ciel : Abraham, Abraham ! Oui, répondit Abraham, je t’écoute. Le Seigneur reprit : Epargne l’enfant, ne lui fais aucun mal. Je sais maintenant que tu respectes mon autorité ; tu ne m’as pas refusé ton fils unique. Abraham aperçut alors un bélier retenu par les cornes dans un buisson. Il alla le prendre et l’offrit en sacrifice à la place de son fils” Genèse 22 :10-13.
Ainsi, Abraham avait passé victorieusement l’épreuve, et sa fidélité avait réparé son manque de foi totale en Dieu, ce qui l’avait poussé à prendre Agar comme épouse. Après cette manifestation de foi et de confiance, le Seigneur lui réitéra une fois encore sa promesse : “Du ciel l’ange du Seigneur appela Abraham une seconde fois et lui dit : Le Seigneur déclare ceci : Parce que tu as agi ainsi et que tu ne m’as pas refusé ton fils unique, je jure de te bénir en rendant tes descendants aussi nombreux que les étoiles dans le ciel ou les grains de sable au bord de la mer. Tes descendants s’empareront des cités de leurs ennemis. A travers eux je bénirai toutes les nations de la terre parce que tu as obéi à mes ordres.” Genèse 22 :15-18.
Source: Histoire de la redemption de Ellen G. White